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Le Rideau cramoisi

Les Diaboliques
Le Rideau cramoisi
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Illustration de Maurice Marodon pour une édition de 1905 des Diaboliques de barbey d’Aurevilly : « Le Rideau cramoisi ».
En légende de l’image : « Elle vit peut-être ma terreur à la sienne. »

« Le Rideau cramoisi » met en scène le vicomte de Brassard se rappelant, à la vue de la fenêtre d’une petite maison qu’il a habitée lorsqu’il était en garnison, la passion qu’il a vécue avec la fille de ses hôtes, la belle Alberte.

« Tout à coup, sans aucun bruit de serrure qui m’aurait averti, ma porte s’entr’ouvrit en flûtant ce son des portes dont les gonds sont secs, et resta à moitié entrebâillée, comme si elle avait eu peur du son qu’elle avait jeté ! Je relevai les yeux, croyant avoir mal fermé cette porte qui, d’elle-même, inopinément, s’ouvrait en filant ce son plaintif, capable de faire tressaillir dans la nuit ceux qui veillent et de réveiller ceux qui dorment. Je me levai de ma table pour aller la fermer ; mais la porte entr’ouverte s’ouvrit plus grande et très doucement toujours, mais en recommençant le son aigu qui traîna comme un gémissement dans la maison silencieuse, et je vis, quand elle se fut ouverte de toute sa grandeur, Alberte ! — Alberte qui, malgré les précautions d’une peur qui devait être immense, n’avait pu empêcher cette porte maudite de crier ! […] Elle vit peut-être ma terreur à la sienne : elle réprima, par un geste énergique, le cri de surprise qui pouvait m'échapper, — qui me serait certainement échappé sans ce geste, — et elle referma la porte, non plus lentement, puisque cette lenteur l’avait fait crier, mais rapidement, pour éviter ce cri des gonds, — qu'elle n’évita pas, et qui recommença plus net, plus franc, d’une seule venue et suraigu ; — et, la porte fermée et l’oreille contre, elle écouta si un autre bruit, qui aurait été plus inquiétant et plus terrible, ne répondait pas à celui-là... Je crus la voir chanceler... Je m’élançai, et je l’eus bientôt dans les bras. »

Barbey d’Aurevilly, « Le Rideau cramoisi », Les Diaboliques

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1905
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889); auteur ; Maurice Marodon, illustrateur
  • Provenance

    BnF, département Littérature et art, 8-Y2-54485 (10)

    Jules Barbey d’Aurvilly, Les Diaboliques, Paris : Arthème Fayard, 1905, p. 25.

  • Lien permanent
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