Hercule à la croisée des chemins

Dans ses Mémorables, l'historien grec Xénophon rapporte un apologue raconté par l'un des maîtres de Socrate, Prodicos de Ceos. Dans cette fable, Hercule, adolescent, est sommé de choisir entre les allégories de la vertu et de la volupté.

Redécouvert durant la Renaissance, le mythe a inspiré de très nombreux artistes, dont Annibale Carrache. Dans ce tableau de 1596, qui annonce déjà le classicisme romain, Hercule, nu, assis sur un rocher, prête l'oreille à la vertu qui lui pointe, au sommet d'une montagne à l'accès difficile, un petit Pégase, symbole de l'ascension vers une gloire éternelle. La volupté, à droite, légèrement vêtu, montre au héros les attributs des arts : livre, instrument de musique, masques de théâtre, ainsi que des cartes à jouer. Sur le côté, un homme s'apprête à inscrire le choix d'Hercule dans le livre de la renommée.

Commandé par le cardinal Farnèse pour le plafond de son camerino, le tableau fait plusieurs fois référence au commanditaire. Pégase, en particulier, est un symbole de la famille Farnèse. Il a rapidement été reconnu comme un chef d'oeuvre de l'artiste. Giovvani Pietro Bellori, qui décrit la peinture en détail et avec forces louanges dans ses Vies de 1672 écrit ainsi : « Prodicus le Sophiste, souhaitant instruire les jeunes à la vertu, décrivit de manière allégorique le conflit entre la raison et les sens, par lequel cet âge est le plus susceptible d'être trompé et abusé. Il dépeignit Hercule comme un adulte et juge de lui-même depuis l'enfance, à l'époque où il était tenté par les plaisirs et mû par l'honnêteté, et deux dames lui apparurent, la Vertu et la Volupté, chacune cherchant à le persuader de la suivre. Cette invention fut tellement amplifiée par le pinceau d'Annibale qu'on peut dire qu'il l'a prise de la poésie pour en faire un don à la peinture. ». Plus tard, l'historien de l'art Erwin Panofsky a également consacré un important ouvrage au tableau.