L’Éléphant

Les Contes du chat perché se situent à mi-chemin entre le conte merveilleux, où les animaux ont la parole, et la vie quotidienne de deux petites filles dans leur univers courant et familial. Dans ce conte de L’Éléphant, Delphine et Marinette, en l’absence de leurs parents, imaginent de recréer une arche de Noé dans la cuisine familiale en y conviant tous les animaux de la ferme. Mais, se demande la petite poule à qui échoit la tâche de se transformer en éléphant, comment faire ? Un miroir dans la chambre des fillettes fera l’affaire : la petite poule se persuade qu’elle peut devenir un éléphant et le devient. Le miroir reflète l’illusion des apparences, avec, de ce côté-ci, l’être et, de ce côté-là, le paraître. L’illustration de Nathan Altman (1889-1970), dans des camaïeux de jaune, gris, blanc et rouge, se présente sous la forme d’une psyché découpée sur un fond jaune qui évoque le rond d’un projecteur de scène. La présence de ce halo lumineux focalise l’attention sur le sujet représenté, en l’occurrence ici la petite poule qui s’imagine éléphant. Comme chez Benjamin Rabier, l’anthropomorphisme donne un caractère comique à l’animal en lui conférant un aspect parodique. Texte et illustrations renvoient à l’univers imaginaire de l’enfant. (C. G.-B.)