Vaisseaux agités par la tempête

Dans cette étendue de mer, la navigation est fort difficile, et les tempêtes y sont encore plus violentes que celles du cap de Bonne-Espérance il n’y a nul de ceux qui passent par là qui ne se trouve en peine, de sorte que souvent on est contraint de baisser les voiles, dévaler les canons en bas du vaisseau et jeter plusieurs marchandises à la mer pour passer avec moins de danger. Il ne faut pas s’y assurer de la sérénité du temps, car en un instant, il y sera calme et tout d’un coup il s’élèvera une bourrasque. On y voit lever une petite nuée qui apparaît de la grosseur du poing que les Portugais appellent Oihos de Boy, oeil de bouf, quand elle se montre, lorsqu’il ferait le plus beau temps du monde, il faut s’attendre à une soudaine tempête fort violente, laquelle infailliblement engouffrerait le vaisseau, si on ne calait promptement les voiles, comme les Portugais l’expérimentèrent lors de leur deuxième navigation aux Indes, perdant en ce lieu sept navires pour n’avoir encore la connaissance de telles tempêtes qui durent jusqu’à ce qu’on ait passé le cap de Bonne-Espérance (le globe).

De ces cinq vaisseaux il y en a quatre français, un amiral (le deuxième, un vice-amiral le premier) un contre amiral (le quatrième) et un vaisseau marchand (le cinquième). L’amiral et le vaisseau marchand ont mis en panne pour attendre le premier et le quatrième.

Le contre-amiral les joint à la bouline. Le vice-amiral a amené son grand hunier à cause de la tempête, ils sont tous poussés par un vent d’ouest et quoique le vice-amiral ne paraisse pas aller joindre les autres, il faut entendre qu’il en est éloigné et qu’il fera une autre manouvre quand il en sera temps. Le cinquième est une flûte hollandaise qui a toutes ses voiles déployées et qui tient la route de Java, grande île longue située vis-à-vis Siam à 7 degrés de latitude méridionale.