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Le cycle du Graal : II. L’Histoire de Merlin

Frontispice de l’Histoire de Merlin - la descente du Christ aux enfers

Alors que l’Histoire du Saint Graal s’ouvrait au temps de la passion du Christ, en s’achevant sur la mention des descendants de Nascien, le Merlin commence par le récit de la descente du Christ aux enfers, épisode traditionnellement situé entre le vendredi saint et le dimanche de la résurrection, où Jésus va délivrer les hommes justes alors en attente de la venue du Sauveur. Spoliés par l’entreprise de la rédemption, les démons tiennent conseil et décident de riposter en concevant à leur tour un antéchrist dévoué à leur cause et susceptible d’utiliser ses pouvoirs surnaturels pour perdre les hommes : Merlin. Mais le projet diabolique échoue, car Merlin décide d’ouvrer pour Dieu, et va contribuer au plan du salut en jouant le rôle de conseiller des rois de Bretagne, et en particulier d’Arthur.

L’enluminure initiale du Merlin occupe presque toute la moitié supérieure de la page. Elle met en scène le motif iconographique de la gueule infernale de façon spectaculaire puisqu’on voit non seulement les dents et le museau félin mais aussi les yeux et les oreilles de cette figure animale. Sa tête, propulsée vers l’avant crée un effet massif d’autant qu’elle seule équivaut à la taille du Christ debout. C’est l’ouverture de la gueule et sa dentition qui portent une charge menaçante car les deux petites figures diaboliques placées sur l’œil et dans l’oreille de la bête créent un effet plus pittoresque qu’effrayant. Le Christ, vêtu d’un tissu écarlate, porte les marques de la passion et tient une croix pommée qui soutient également un étendard vermeil sur lequel est aussi imprimée une croix. Il tend la main vers les hommes qui quittent la gueule embrasée, à commencer par Adam et Eve.
L’image de la gueule est un motif privilégié dans la représentation de la descente aux Enfers au début des manuscrits de Merlin.

Mots-clés

Date
vers 1475
Lieu
Atelier d’Evrard d’Espinques. Centre de la France (Ahun)
Auteur(es)
Manuscrit en quatre volumes réalisés pour Jacques d’Armagnac, duc de Nemours.
Provenance
BnF, Manuscrits, Français 113 fol. 117
Lien permanent
ark:/12148/mm1182003152