Marthe Bibesco

À la tête d’un des plus grands salons littéraires parisiens, fréquenté par Marcel Proust (1871-1922), Anatole France (1844-1924) et Paul Valéry (1871-1945), Marthe Bibesco possède de nombreux soupirants qui n’hésitent pas à la couvrir de bijoux. Selon Christine Sutherland, le sultan de Zanzibar, qui tombe en admiration devant son exceptionnelle beauté lors d’un bal, lui offre un énorme bouquet de roses entre lesquelles il cache un sublime bracelet de rubis calibrés et diamants signé Cartier. Bien qu’elle finisse malheureusement par perdre le bijou, elle évoque toutefois son souvenir dans son Journal intime du 25 janvier 1964. Sir Philip Albert Gustav David Sassoon (1888-1939) lui fait quant à lui cadeau d’une broche en saphirs et émeraudes pour la remercier d’avoir rédigé l’introduction de son roman, La Troisième route en 1930. L’écrin de Marthe est ruisselant de joyaux. On y trouve notamment des bijoux historiques à l’instar d’un bracelet ayant appartenu à Marie Walewska, la maîtresse de Napoléon Ier, une montre en émail bleu décorée de perles et de l’aigle impérial de Marie-Louise ainsi qu’un diamant que la reine Hortense fît coudre sur la ceinture de l’empereur avant son départ pour Saint Hélène. Mais c’est pour sa somptueuse parure d’émeraudes signée Cartier que l’écrivaine est célébrée. Une gemme qui inspire au baron Christopher Bidwood Thomson (1875-1930) l’ouvrage Smaranda, en référence à l’émeraude, smaragdus en latin, attribut fétiche de Marthe avec qui il entretient durant les dernières années de sa vie une précieuse correspondance. Mais Marthe n’est pas la seule cliente de sa famille chez Cartier. Le joaillier réalise en 1912 un bandeau en diamants et platine d’une valeur de 10 080 dollars pour sa cousine par alliance, la poétesse Élizabeth Bibesco (1897-1945).