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Planches des Sept Classiques

Planches des Sept Classiques
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La tradition consistant à illustrer des portions du corpus canonique remonte à l’époque des Han. Sous les Song, chaque école de province en possédait une gravure sur pierre destinée à fournir une aide à l’enseignement des Classiques dont la terminologie technique était devenue abstruse. Ce livre, devenu rare sous les Ming, fit l’objet d’une splendide regravure que sa page de titre annonçait « fidèle à l’original des Song ». On note l’excellente qualité du papier et de la gravure tout autant que le format exceptionnel, l’importance iconographique et la variété et la complexité de la mise en page. Pratiquement chaque feuillet est pour moitié illustré, la totalité de l’ouvrage contenant plus d’un demi-millier d’images. Le recueil est ouvert ici au Classique des Mutations.
Le Livre des Mutations inventé sous la dynastie des Zhou, prit le titre de Classique des mutations, Yijing lors de la canonisation du texte. C’est, dans l’ordre, le premier des Classiques, et sans conteste le plus énigmatique. Ce manuel divinatoire est attribué au sage roi Wen, premier souverain de la dynastie des Zhou au 12e siècle avant notre ère, et plus précisément à sa période de captivité. Sur la page de droite figure la représentation des huit trigrammes attribué à l’empereur mythique Fu Xi, à partir duquel les hexagrammes se développèrent. Le splendide diagramme synthétique représentant la disposition des 64 hexagrammes est imprimé ici sur la page de gauche. Il porte comme titre : Tableau xiantian, « ciel antérieur » de Fuxi. Les combinaisons sont rangées au centre dans l’ordre logique et sur le pourtour dans l’ordre cosmique. Deux autres sages, le duc de Zhou qui aurait composé les premiers textes d’accompagnement, et Confucius, qui aurait ajouté les dix "ailes" de gloses, contribuent, bien que ces attributions traditionnelles soient douteuses, à l’aura de ce chef-d’œuvre de la sagesse antique.
Le Livre des mutations est le Classique du trait par excellence, même si les plus anciens vestiges de ce système qui remontent à la fin du deuxième millénaire avant notre ère, semblent avoir été plutôt des groupes de chiffres que des combinaisons de lignes. À l’origine de toutes les choses, ce trait primordial, sectionné ou multiplié, a généré une pensée philosophique complexe qui a, sans doute, imprégné aussi les arts du pinceau. « [...] ces trigrammes se composent eux-mêmes de deux termes (-) et (- -), dont le second n’est en fait qu’une variante obtenue à partir du premier ; ce premier emblème fondamental, dont la métamorphose, la synthèse et les combinaisons successives vont exprimer la diversité des phénomènes, incarne lui-même dans sa solitude originelle, antérieure à toute division ou combinaison, l’Absolu indéterminé, la pure virtualité. Or il est figuré par une barre, ce qui en chinois s’appelle précisément « un simple trait », yi hua ». (Ryckmans 1970, p. 17.)
Le système philosophique qu’il incarne est constitué par la mutation de six lignes superposées engendrant 64 combinaisons de traits continus et discontinus. Chacune est un symbole des mouvements de l’univers et des dix mille êtres qui l’habitent. Le Yijing n’est pas le seul système à utiliser des traits pour la spéculation philosophique ou divinatoire mais il est celui qui s’est universellement imposé tout au long de la civilisation chinoise. Il contient l’essentiel du savoir cosmologique et les prédictions sibyllines qui sont associées aux hexagrammes sont considérées comme recelant le plus haut degré de sagesse. L’un des empereurs de la dernière dynastie des Qing, Gaozong (1736-1795), adopta le premier hexagramme Qian du Livre des mutations pour former le nom de l’ère de son règne qui se voulait le plus glorieux de tous les temps, le règne de Qianlong. Cet hexagramme, outre qu’il initialise le système entier, représente avec sa graphie constituée de six traits continus la quintessence du yang et englobe à lui seul tout le système philosophique du Livre des mutations et, a fortiori, tout l’univers. Il est aussi celui qui est le plus étroitement associé à la figure du dragon, emblème impérial par excellence.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Édition de 1615, d’après celle des Song datée de 1165
  • Lieu
    Chine
  • Auteur(es)
    Éditeur : Wu Jishi (actif 1573-1619) Xin’an (province de l’Anhui). Xichunlou
  • Description technique
    Édition xylographique illustrée, 42 x 28 cm ; bois : 40, 4 x 24, 5 cm ; ill. dans le texte ou à pleine page ; nombre de colonnes et de caractères variables ; 16 fascicules ; couvertures originales en papier jaune ; étiquettes de soie rouge rosé.
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits orientaux, chinois 2982

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121200891s