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Le sacre : un rite de passage

Le couronnement de Lothaire
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Le roi Lothaire
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L’archevêque
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L’onction
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Les regalias
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Les vêtements royaux
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Les pairs ecclésiastiques
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La couronne
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L'exploration de l'enluminure consacrée au sacre de Lothaire est l'occasion de découvrir le déroulement de la cérémonie du sacre et l'importance de ce rituel, même si Fouquet s’éloigne de la cérémonie du sacre telle qu'elle se déroulait en réalité. Il rend compte en effet d'un événement qui s'est passé au Xe siècle comme s'il avait lieu à son époque (XVe siècle). Il prend par ailleurs de nombreuses libertés avec l'ordonnance de la liturgie, qui s'est établie au fil des siècles, avant d'être consignée dans un livret appelé l'Ordo du sacre.

Cérémonie liturgique qui confère au futur roi la confirmation de son droit divin et la reconnaissance de sa promotion au-dessus de la hiérarchie féodale, le sacre apparaît onze fois dans le manuscrit des Grandes Chroniques illustré par Fouquet.

Le nouveau souverain est alors investi de certains pouvoirs quasi surnaturels comme celui de guérir les écrouelles. La disposition de la scène est presque toujours identique : le roi agenouillé reçoit la couronne ou la bénédiction de l’archevêque de Reims, en présence des douze pairs du royaume qui tiennent les ornements royaux (tunique, éperons, ceinture) et les insignes de la royauté (couronne, sceptre et main de justice).

Dans la présente scène, Fouquet représente le sacre de Lothaire (941-986), alors âgé de treize ans, fils de Louis IV d’Outremer qui mourut à Reims en 954. C’est le dernier des rois carolingiens à être sacré, avant l’avènement des Capétiens et l’élection d’Hugues Capet par les pairs du royaume et en particulier par l’archevêque de Reims. Il joue donc un rôle clé dans la représentation de la continuité dynastique.

Malgré la précision de la scène, les grands officiers royaux, chambrier, connétable, sénéchal ainsi que les chanoines de la cathédrale ne sont pas représentés, l’artiste manquant de place.

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Le couronnement de Lothaire

Grandes Chroniques de France

La cérémonie du sacre rappelle le baptême de Clovis, à la fois baptême et sacre, par l’évêque de Reims, Rémi, en 498 ou 499. Le roi arrive très tôt à l’aube. La sainte ampoule, objet le plus sacré, est amenée en procession sous un dais par l’abbé et les moines de Saint-Rémi, où elle est conservée. Le roi s’engage par serment à protéger l’Église et défendre la sainte foi catholique, faire régner la paix et la justice, défendre le royaume et faire preuve de miséricorde. Le clergé et le peuple donnent leur assentiment, aux cris de "fiat, fiat", ce qui clôt le pacte entre le roi et le clergé agissant au nom du peuple.

Le roi Lothaire

Choisi par Dieu, le nouveau roi, désigné selon la tradition par succession héréditaire est béni avant de recevoir  sa couronne. Le futur souverain, vêtu d'un manteau azur fleurdelisé doublé de vair, est agenouillé mains jointes devant l'archevêque de Reims.

L’archevêque

L’archevêque Artaud (932-961) fait le geste de bénédiction de sa main droite gantée tandis qu'il tient de la gauche une croix processionnelle. Il porte une aube blanche et par-dessus une chape écarlate bordée d'une bande tissée au fil d'or. Il est coiffé d'une mitre de soie blanche dont l'un des deux fanons pend sur son épaule.

L’onction

Mise en place pour la première fois par Pépin le Bref en 751, peut-être pour faire oublier qu’il avait usurpé son titre aux Mérovingiens, l’onction est un moment clé du sacre qui fait de l’église la garante de l'authenticité religieuse du pouvoir royal. L'huile sainte est prélevée par l’archevêque dans la sainte ampoule à l’aide d’une aiguille d’or et mélangée au chrême, puis déposée sur la tête du roi, puis sur sa poitrine, entre les épaules, sur les épaules, à la jointure des bras et sur les mains.

Les Grandes Chroniques racontent que lors du baptême de Clovis par saint Rémi à Reims, une foule dense empêchait celui qui devait administrer le chrême d'avancer. Il se produisit alors un miracle : l'Esprit, sous la forme d'une colombe, apparut. Elle tenait en son bec un petit vase qu'elle déposa entre les mains de l'archevêque : la sainte Ampoule, qu'on garda précieusement pour le sacre des rois de France.

L'archevêque l'ouvrait et y prélevait à l'aide d'une aiguille d'or un peu d'huile qui était mélangée dans la patène (vase en forme d'assiette recouvert de métal précieux) avec le chrême (onguent fait avec de l'huile d'olive et du baume béni par l'évêque le jeudi saint).

Les regalias

Ce sont les insignes du pouvoir comprenant la couronne royale, le sceptre, la main de justice, l'épée, le baudrier et les éperons. Conservés en l'abbaye de Saint-Denis, ils sont apportés par l'abbé à Reims pour la cérémonie du couronnement.

Le roi reçoit du grand chambrier les souliers, puis les éperons d'or et enfin l'épée qui fait de lui le bras séculier de l'église. Puis après s'être vêtu des vêtements royaux, il reçoit le sceptre dans la main droite et la verge, devenue main de justice, dans la main gauche, symbolisant la fonction royale la plus sacrée, la fonction de justice.

Les vêtements royaux

Au cours de la cérémonie, le chambrier tend au roi la tunique bleu outremer, d'où le nom de la couleur bleu de roi ; l'archevêque lui donne l'anneau, signe de la dignité royale  et de la foi catholique, symbole du mariage spirituel entre le roi et l'église.

A partir de Charles V, l'archevêque remet aussi au roi les gants, qui sont destinés à éviter la souillure du contact avec les objets profanes. A la fin de la cérémonie, ils seront brûlés comme la chemise du roi imbibée de saint chrême.

Les pairs ecclésiastiques

Sur le côté droit de la scène sont placés les pairs de France autrement dit les principaux seigneurs du royaume. Au Moyen  Âge, ces derniers étaient au nombre de douze, six ecclésiastiques et six laïques, trois ducs et trois comtes en chaque état.

Pour mieux différencier les pairs ecclésiastiques des autres prélats participant à la cérémonie, Fouquet les a dotés d'armures qui apparaissent sous leurs lourdes chapes. Au cours du sacre, ils étaient en réalité vêtus comme des évêques.

Le clergé présent était tant régulier que séculier. Il y avait l'abbé de Saint-Rémi de Reims dont l'abbaye était détentrice de la sainte ampoule, l'archevêque de Reims qui officiait et ses suffragants  (évêques dépendant d'un archevêque), l'abbé de Saint-Denis, gardien des insignes royaux, les pairs ecclésiastiques et probablement les moines de Saint-Rémi de Reims et les chanoines de la cathédrale.

La couronne

Elle est normalement posée en dernier sur la tête du roi, le couronnement ne venant qu'après l'onction et le don des insignes royaux, les regalia. L'ordre du sacre est ici inversé pour mettre en évidence les regalia, afin que les acteurs qui les portent soient clairement identifiables.

Normalement, à cet instant, le futur monarque est déjà pourvu de tous les autres regalia et les pairs ont les « mains vides » pour soutenir la couronne. Les pairs donnent ensuite au monarque le baiser de paix. Ce moment du couronnement est ici représenté dans une miniature illustrant un ordo du sacre datant du milieu du XIIème siècle.