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Rosalie Varda nous raconte Peau d'Âne

Contes, bijoux et cinéma

En 1694, animé par des récits plus anciens, Charles Perrault fixe dans les Contes de ma mère l’Oye une version de Peau d’Âne dont le murmure a traversé les siècles. Près de trois-cent ans plus tard, fraîchement rentré des États-Unis, Jacques Demy offre au cinéma une lecture baroque mais résolument moderne du conte. Sous nos yeux, éclot la figure d’une princesse sur le chemin de son émancipation. 1h30 de références artistiques, qui, par leur dialogue, donnent naissance à une féerie inédite. Pop art, poètes aux accents surréalistes, illustrateurs immortels tel Gustave Doré : aucun champ de la création n’est laissé de côté. La joaillerie ne fait pas exception. À l'image du texte du 17e siècle, le film s’ouvre sur la présentation d’un animal intrigant : l’âne banquier qui fait la richesse du royaume en délivrant de « bien beaux écus ». Quand Perrault décrivait avec minutie l’ouvrage du lapidaire œuvrant sur la robe couleur de soleil, Demy, lui, pare les cous et les cols, fait scintiller en son et en image la baguette de la Fée des lilas, orne richement le miroir vénitien de la princesse, pare son front d’une ferronnière, brode les costumes de mille strass. Dans le livre comme dans le scénario, un anneau d'or fait basculer l'intrigue… Mettre en regard les deux œuvres nous permet d’être aux premières loges de la rencontre entre trois univers artistiques : la littérature, la joaillerie, et le cinéma.

À l’été 1970, Rosalie Varda a douze ans et la sortie des classes prend pour elle une tournure singulière. Elle rejoint le tournage de Peau d’Âne et se voit même offrir un rôle de figuration. En 2020, à l’occasion du cinquantenaire du film, elle publie avec Emmanuel Pierrat Il était une fois Peau d’Âne aux Éditions de La Martinière. Ils reviennent sur les musiques, les décors, les inspirations, les costumes, et bien d’autres éléments constitutifs du chef d'œuvre de Jacques Demy. Les liens avec la joaillerie y sont longuement abordés. Elle nous fait partager ses souvenirs des coulisses mais également sa propre appréhension de l’histoire. Une rencontre forte qui nous pousse à découvrir ou à redécouvrir le film.
 

© Bibliothèque nationale de France