Les quatre âges de la vie

La théorie des quatre âges de la vie est traduite par quatre personnages. Le vieillard, chaudement vêtu, la canne à la main, semble dire au revoir à l’enfant qu’il fut et quitter l’image — et la vie. L’adulte, au milieu de sa vie et fièrement campé au centre de la pièce, en armure, est là pour protéger l’enfant. Le jeune homme, coquettement vêtu à la mode de son temps, en chausses collantes et pourpoint avantageusement rembourré aux épaules, se penche vers l’enfant blond qui apprend à marcher dans un « youpala » à roulettes et porte la robe rouge, couleur protectrice de l’enfance. Il baigne dans la lumière douce du paysage sur lequel s’ouvre la fenêtre : c’est l’entrée dans la vie.

L’enfant est tout naturellement placé au premier plan. Cette situation « inférieure » traduit avec justesse le statut de l’enfance au Moyen Âge : toujours subordonnée aux adultes. Il est représenté en train de mettre un pied devant l’autre : sa vie est en pleine évolution.
Le petit garçon est habillé d’une longue robe rouge, couleur privilégiée de l’enfance, destinée à lui conférer « courage d’homme » et à l’aider à vaincre les maladies et accidents (rougeoles, hémorragies, etc.). Il est en âge d’apprendre à marcher, ce qu’il fait à l’aide d’un déambulateur, meuble alors appelé « chariote à enfant », dans lequel il apparaît comme prisonnier.

Derrière le petit garçon, se tient le jeune homme, encore mal dégagé de l’enfance -  il semble surgir du corps du benjamin dont il est l’émanation dans l’avenir.
Il est coiffé et vêtu à la dernière mode, le chef surmonté d’un « haut bonnet », les pieds chaussés de poulaines, un collant ajusté sur les jambes minces entièrement révélées et un pourpoint avantageusement gonflé sur les épaules. Vêtu de rouge et de vert, couleur de la jeunesse, il porte déjà les signes extérieurs de la virilité adulte : la dague suspendue à sa ceinture évoque la capacité à combattre; le faucon sur le poing et le leurre dans l’autre main indiquent qu’il est en âge de chasser.

L’homme d’âge mûr est solidement campé, jambes écartées, sur le carrelage décoré du château. Son importance sociale est soulignée par la luxueuse tenture frangée de couleur noir et or devant laquelle il se tient. Bien des années le séparent de la vieillesse qui se tient à sa gauche.
L’homme d’âge mûr est entièrement cuirassé d’une armure. Il apparaît comme un homme de fer, invulnérable, dont la force et la puissance supérieures sont accentuées par sa stature plus haute que celle des personnages qui l’entourent. Il est armé d’un long couteau de guerre emmanché qu’il tient fermement pour souligner son statut.

Le vieillard est encore investi d’une forte importance sociale. C’est pourquoi il partage avec l’homme d’âge mûr le droit à être mis en valeur par une somptueuse tenture or et noir. Mais sa vie s’achève : il fait à l’enfant qu’il fut un ultime signe de la main, son adieu.
L'homme est chaudement vêtu de longs vêtements bleus sombres et gris et de chaussures montantes. Seul son chaperon rouge rappelle sa jeunesse passée. Il lui faut s’appuyer sur une canne béquille pour avancer  vers le bord de l’image, dont il s’apprête à sortir, comme il va sortir de la vie.