Le superhéros

Muni de superpouvoirs, en raison de son origine extraterrestre ou d’une mutation accidentelle (souvent due à la radioactivité), le superhéros possède une double identité, celle de la vie courante et celle de la vie héroïque. Cette notion importante jette un pont entre ce personnage et les héros demi-dieux de l’Antiquité. Lui aussi à mi-chemin entre l’humain et le surnaturel, le superhéros est puissant et faillible, doté d’un coeur et investi d’une mission. Dans ses aventures, il combat l’injustice, sauve des vies humaines, revêtu d’un costume identifiable, très coloré, visage masqué, et affronte ses ennemis (les méchants, super-villains : l’antithèse des superhéros). Nés dans les comics, développés par le cinéma, la télévision et les jeux vidéo, les superhéros sont aujourd’hui une véritable industrie. Ils incarnent un monde et des valeurs profondément dualistes. Symbole de l’Amérique combattante, Captain America se battait contre les nazis ; d’autres personnages surgissent lorsque la menace évolue. La psychologie des superhéros, fruste à l’origine, se complexifie. Ainsi, Spider-Man, surtout au cinéma, est devenu un héros monolithique qui doute et va même jusqu’à affronter sa propre face noire (Spider-Man 3), habituellement incarnée par un ennemi identifié, identifiable, stéréotypé. Avec la mondialisation des héros populaires, les superhéros s’exportent ailleurs que dans le monde anglo-saxon et trouvent des émules dans les autres pays.

L’une des évolutions les plus importantes est celle des manga et anime, qui intègrent des éléments de la civilisation japonaise (époque Edo, samouraïs et leur code d’honneur, arts martiaux) à un univers majoritairement de science-fiction et à des emprunts à différentes mythologies pour créer des mondes et des héros diffusés et adoptés dans le monde entier : Astroboy par Osamu Tezuka, Shogun Warriors (dont Goldorak), Saint Seiya ( « Chevaliers du Zodiaque »), Dragon Ball…

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Génération Goldorak

L'adaptation du modèle des superhéros à la mentalité japonaise marque à la fois la plasticité syncrétiste de l'imaginaire de ce pays et l'irruption de personnages populaires dans un espace audiovisuel mondialisé. On rencontre des figures équivalentes à Superman, comme Astroboy (Tetsuwan Atomu), créé par Tezuka, ou des robots auxiliaires des humains. Mais les personnages les plus intéressants appartiennent à la famille des super-robots, robots géants ou mecha. Associés à un jeune héros et contrôlés par lui, ils sont capables de se transformer, accentuant à volonté leur aspect mécanique ou anthropomorphique (les chevaliers du Zodiaque).
Les jouets Shogun Warriors, « invincibles défenseurs de la planète Terre », ont été diffusés par la firme Mattel à la fin des années 1970, ils sont issus de bandes dessinées (manga) et de séries d'animation (anime) japonaises, parmi lesquels on trouve Mazinger Z, Grendizer (Goldorak) ou encore Raydeen. Dans l'anime, Yuusha Raideen, Reideen le Brave ou Raydeen le Héros, protecteur géant du continent perdu de Mu, aide le jeune Akira Hibiki à sauver la Terre menacée par l'Empire du démon, dans une époque située à douze millénaires du 20^e siècle.

Le jouet montre bien les sources multiples du personnage, à la fois guerrier et protecteur : le Japon médiéval des shoguns Tokugawa et l'ère d'Edo (1603-1868), les robots articulés surpuissants et inaltérables, inhérents aux récits de science-fiction ainsi que l'iconographie de l'ancienne Égypte (coiffure imitée de celle des pharaons mélangée avec les casques kabuto des samouraïs). L'enfant âgé de plus de trois ans pouvait disposer pour ses jeux d'un Raydeen haut de 60 cm. Le robot monté sur roulettes porte un bouclier au poignet droit, ses bras s'élèvent et s'abaissent. Il est « armé de missiles delta et d'un poing [gauche] éjectable muni d'une double hache ».

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