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Focus

Antony face à la critique

Malgré le succès triomphal d’Antony lors de la première représentation en 1831, les critiques divergent dans la presse écrite, entre ceux qui n’y voient qu’outrance et invraisemblance et ceux qui reconnaissent la force de l’écriture dramatique de Dumas.

Jules Janin

« Il est impossible d’imaginer une action plus nulle, une passion plus fausse, des aventures plus invraisemblables […] Il est impossible de pousser plus loin l’oubli des mœurs et de la vraisemblance dramatique. »

Le Journal des Débats, 5 mai 1831

Alfred de Vigny (signé Y)

« Il me paraît assez dans la manière de M. Dumas de créer d’abord un dénouement et ensuite d’y suspendre la pièce entière. Le dernier mot inventé, il veut que tout y aboutisse ; il accroît, il gonfle les caractères ; il étend ou il resserre les évènements. »

La Revue des Deux Mondes, 1831, t. II, p. 323 et suiv.

Non signé

« Ici nous retombons dans les poignards, les cris de rage, dans les assassinats, dans tous les agréments du genre nerveux, dans la littérature épileptique montée au sublime de l’hydrophobie. »

Le Constitutionnel, 6 mai 1831

Théophile Gautier

« Ce que fut la soirée, aucune exagération ne saurait le rendre. La salle était vraiment en délire ; on applaudissait, on sanglotait, on pleurait, on criait. La passion brûlante de la pièce avait incendié tous les cœurs. Les jeunes femmes adoraient Antony ; les jeunes gens se seraient brûlé la cervelle pour Adèle d’Hervey. L’amour moderne se trouvait admirablement figuré par ce groupe, auquel Bocage et madame Dorval donnaient une intensité de vie extraordinaire. »

Histoire du Romantisme, 1874

Louis Ganderax

« Antony nous émeut encore, à la ville seulement et non au théâtre ; il nous émeut pourtant. Après un siècle ou deux passés […] alors sans doute le chef d’œuvre de Dumas fera de nouveau palpiter les spectateurs et trembler d’applaudissements les salles de théâtre. »

Revue des Deux Mondes, 1er mai 1884, t. 63, mai-juin, p. 225.

Jules Clarétie

« Antony, ce pessimiste avant nos blasés et nos énervés, a du moins de la grandiloquence dans sa mauvaise humeur […] Aujourd’hui, Antony, menacé de perdre Adèle ne dirait plus : "Malédiction ! Tu es folle ! Satan en rirait !". Il dirait tout simplement : "Au fait, chère amie, si vous divorciez !". Le romantisme était insensé, mais il avait du bon. »

Le Temps, 22 mars 1912