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Extrait

Le crime, conséquence de la misère

Victor Hugo, Projet de discours pour une loi sur les prisons, 1857
Pour Victor Hugo, la responsabilité des crimes n’est pas le seul fait de celui qui les perpétue : elle incombe aussi à la société et à la misère qu’elle perpétue.

Messieurs, je le dis avec douleur, le peuple sur qui tout retombe, qui endure la peine, la fatigue, les famines, les hivers rudes, dont les enfants, durement exploités, subissent le labeur malsain des manufactures, dont les fils paient tous inexorablement l'impôt militaire, le peuple qui est la force de la nation, qui a tous les bons instincts de la paix et qui fait toutes les grandes choses de la guerre, le peuple qui, dans l'état social tel qu'il est, porte tant de fardeaux, porte aussi, plus que toutes les autres classes, le poids de la pénalité. Ce n'est pas sa faute. Pourquoi ? Parce que les lumières lui manquent d'un côté, parce que le travail lui manque de l'autre. Trop souvent du moins. D'un côté les besoins le poussent, de l'autre aucun flambeau ne l'éclaire. De là les chutes.

Victor Hugo, « Loi sur les prisons », Œuvres complètes de Victor Hugo. Actes et paroles. 1. Avant l’exil 1841-1851, Paris : Albin Michel, 1937, p. 403.
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