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Extrait

Florus rapporte l’assassinat de César

Florus, Abrégé de l'histoire romaine, IV, 2

Itaque non ingratis ciuibus omnes unum in principem congesti honores: circa templa imagines, in theatro distincta radiis corona, suggestus in curia, fastigium in domo, mensis in caelo, ad hoc Pater ipse patriae perpetuusque Dictator; nouissime, dubium an ipso uolente, oblata pro rostris ab Antonio consule, regni insignia. Quae omnia uelut infulae in destinatam morti uictimam congerebantur. Quippe clementiam principis uicit inuidia, grauisque erat liberis ipsa beneficiorum potentia. Nec diutius lata dominatio est; sed Brutus et Cassius aliique patres consenserunt in caedam principis. Quanta uis fati! Manauerat late coniuratio, libellus etiam Caesari datus eodem die, nec perlitare centum uictimis potuerat. Venit in curiam tamen, expeditionem Parthicam meditans. Ibi in curuli sedentem eum senatus inuasit, tribusque et uiginti uulneribus ad terram datus est. Sic ille, terrarum orbem ciuili sanguine inpleuerat, tandem ipse sanguine suo curiam impleuit.

Aussi les Romains reconnaissants accumulèrent-ils tous les honneurs sur la tête de leur prince. Il eut des statues autour des temples, le droit de porter au théâtre une couronne ornée de rayons, une place d'honneur au sénat, un pinacle sur sa maison ; son nom fut donné à l'un des mois de l'année. On y ajouta le titre de père de la patrie et de dictateur perpétuel. Enfin, sans qu'on puisse savoir s'ils étaient d'intelligence, le consul Antoine lui offrit devant la tribune aux harangues les insignes de la royauté.

Tous ces honneurs s'accumulaient sur sa tête comme les ornements sur celle d'une victime destinée à la mort. La clémence du prince ne put triompher de la haine, et le pouvoir même qu'il avait de leur faire du bien pesait à des hommes libres. On ne supporta pas plus longtemps son despotisme, mais Brutus et Cassius, et d'autres sénateurs s'entendirent pour l'assassiner. O puissance du destin ! Le bruit de la conjuration s'était répandu au loin ; un billet avait même été donné à César ce jour-là, et sur cent victimes, il n'avait pu trouver un seul présage favorable. Il vint cependant au sénat, songeant à une expédition contre les Parthes. Il était assis sur sa chaise curule lorsque les sénateurs se jetèrent sur lui et l'abattirent de vingt-trois coups de poignard. Et ainsi, l'homme qui avait inondé l'univers du sang de ses concitoyens inonda enfin lui-même la curie de son propre sang.

Florus, Abrégé de l'histoire romaine, IV, 2
Texte latin : Itinera electronica, Université catholique de Louvain (source : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/florus_hist_rom_04/texte.htm)
Texte français : Florus, F. Ragon (trad.), Abrégé de l'histoire romaine de L. Annaeus Florus, Paris : C. L. F. Pancoucke, 1826. (source : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/florus_hist_rom_04/texte.htm)
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