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Extrait

Les conséquences du nouveau régime chez Florus

Florus, Abrégé d’histoire romaine, I, 9, 2e siècle ap. J.-C.

Ainsi, sous la conduite, et par les conseils de Brutus et de Collatin, à qui Lucrèce, en mourant, avait confié le soin de sa vengeance, le peuple romain, excité, comme par une inspiration des dieux, à punir l'outrage fait à la liberté et à la pudeur, déposa aussitôt le roi, pilla ses biens, consacra son domaine à Mars, protecteur de Rome, et transféra aux vengeurs de sa liberté la suprême puissance dont il changea toutefois le nom et les droits. En effet, de perpétuelle, elle devint annuelle ; unique auparavant, elle fut partagée ; on voulait prévoir la corruption attachée à l'unité ou à la durée du pouvoir; le nom de rois fit place à celui de consuls, qui rappelait à ces magistrats qu'ils ne devaient consulter que les intérêts de leurs concitoyens. Tel fut l'excès de la joie qu'inspira la liberté nouvelle, qu'à peine put-on croire au changement opéré dans l'État ; et qu'à cause de son nom seulement et de sa naissance royale, un des consuls se vit enlever ses faisceaux et banni de la ville. Valérius Poplicola, qui lui fut substitué, travailla avec le plus grand zèle à augmenter la majesté d'un peuple libre. Il fit abaisser ses faisceaux devant lui, dans les assemblées, et lui donna le droit d'appel contre les consuls eux-mêmes. Enfin, de peur qu'on ne prît ombrage de ce que sa maison, placée sur une éminence, offrait l'apparence d'une citadelle, il la fit rebâtir dans la plaine. [...] Libre désormais, Rome prit les armes contre les étrangers, d'abord pour sa liberté, bientôt après pour ses limites, ensuite pour ses alliés, enfin pour la gloire et pour l'empire, contre les continuelles attaques des nations voisines. En effet, sans territoire qu'ils pussent appeler le sol de la patrie, ayant à combattre au sortir même de leurs murs, placés entre le Latium et l'Étrurie, comme entre deux grands chemins, les Romains à toutes leurs portes rencontraient un ennemi ; mais toujours marchant de proche en proche, ils subjuguèrent les unes après les autres les nations voisines, et rangèrent toute l'Italie, sous leur domination.

Florus, Abrégé d’histoire romaine, I, 9, 2e siècle ap. J.-C.
Traduction Désiré Nisard, Salluste, Jules César, C. Velleius Paterculus et A. Florus, Paris : Firmin Didot, 1865, « collection des auteurs latins »

 
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