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Extrait

Robert Badinter rend hommage au combat de Victor Hugo contre la peine de mort

Robert Badinter, 2002
Artisan de l’abolition de la peine de mort en 1981, Robert Badinter a conscience qu’il se situe dans la lignée d’un mouvement abolitionniste long. Il rend ici hommage à Victor Hugo comme à un important prédécesseur, dont l’engagement n’a jamais faibli.

Il est des combats qui éclairent toute une vie. Ainsi celui de Victor Hugo contre la peine de mort. Depuis le moment où sa conscience s'éveilla et jusqu'à son dernier souffle, il l'a combattue sans relâche. Sa passion abolitionniste donne à ce parcours éclatant qui traverse le siècle une unité de conviction qui ne se trouve dans aucun autre domaine de sa vie publique. Le XIXe siècle a vu Victor Hugo tour à tour légitimiste, bonapartiste, orléaniste, républicain : abolitionniste, toujours. Pensionné sous Charles X, pair de France sous Louis-Philippe, député sous la Seconde République, proscrit sous l'Empire, élu à l'Assemblée nationale en 1871, sénateur sous la Troisième République, sous tous les régimes et en toute circonstance, il a combattu sans trêve et sans merci la peine de mort, par l'écrit et par la parole. Pendant soixante ans, il fut, aux yeux de la France et du monde, le chantre, le prophète et le chevalier de l'abolition. Le plus grand écrivain du siècle aura été le premier des abolitionnistes. Il a donné à la lutte contre la peine capitale un souffle, des accents qui ont traversé le temps. La liberté a eu Mirabeau, le socialisme Jaurès, l'abolition Victor Hugo. Sa voix résonne encore en nous, vingt ans après que son vœu, sa prédiction, a triomphé. Notre gratitude est à la mesure de son œuvre : immense.

Robert Badinter, « L’abolitionniste », Victor Hugo, l’homme océan, Paris : Bibliothèque nationale de France / Seuil, 2002, p. 57.
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