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Extrait

Les Roses de Saadi

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies inédites, « Les Roses de Saadi », 1860
Ce court poème, sans doute un des poèmes les plus célèbres de l’autrice, est inspiré d’un passage du Golestan, un recueil du poète persan Saadi. Dans l’apologue de Saadi, la robe est celle d’un sage persan. Sous la signature de Desbordes-Valmore, la mention de la robe et la première personne, même en l’absence de toute marque grammaticale du féminin, introduisent une dimension de sensualité amoureuse qui se superpose à une fable mystique et poétique.
 

J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir.

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est toute embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.

Marceline Desbordes-Valmore, Poésies inédites, Genève : Gustave Révilliod, 1860, p. 15.
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