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Extrait

La mort et la divinisation d'Antinoüs dans L'Histoire auguste

« Vie d'Hadrien », Histoire Auguste, fin du 4e siècle
Très peu de sources antiques rapportent la mort et la divinisation d’Antinoüs. L’Histoire auguste, bien que beaucoup plus tardive, en est un des seuls échos. Ici, malgré tout, l’extrait rapporte les faits et précise bien que « les Grecs » firent un dieu d’Antinoüs, ce qui explique peut-être que seules les monnaies provinciales d’Orient représentent le divin amant.

Antinoum suum, dum per Nilum nauigat, perdidit, quem muliebriter fleuit. De quo uaria fama est aliis eum deuotum pro Hadriano adserentibus, aliis, quod et forma eius ostentat et nimia uoluptas Hadriani.

Et Graeci quidem uolente Hadriano eum consecrauerunt oracula per eum dari adserentes, quae Hadrianus ipse conposuisse iactatur. Fuit enim poematum et litterarum nimium studiosissimus. Arithmeticae, geometriae, picturae peritissimus. Iam psallendi et cantandi scientiam prae se ferebat. In uoluptatibus nimius. Nam et de suis dilectis multa uersibus composuit. (amatoria carmina scripsit.) Idem armorum peritissimus et rei militaris scientissimus, gladiatoria quoque arma tractauit. Idem seuerus laetus, comis grauis, lasciuus cunctator, tenax liberalis, simulator, saeuus clemens et semper in omnibus uarius.

Tandis qu’il naviguait sur le Nil, il perdit son Antinoüs, qu’il pleura avec toute la faiblesse d’une femme. On expliquait de diverses manières la conduite d’Hadrien : les uns assuraient qu’Antinoüs s’était dévoué pour prolonger ses jours ; les autres trouvaient dans la beauté de ce jeune homme, et dans l’infâme passion d’Hadrien, l’unique cause de cette excessive douleur.

Les Grecs, du consentement d’Hadrien, consacrèrent Antinoüs, et prétendirent même qu’il rendait des oracles ; or on assure que ces oracles étaient de la composition d’Hadrien. Car ce prince aimait beaucoup les vers, comme toutes les autres branches de la littérature ; il était habile dans l’arithmétique, la géométrie et la peinture. Il avait aussi des prétentions à l’art de la musique : il chantait, il jouait de la lyre. Il poussait à tout excès son amour pour les plaisirs : il fit des vers pour ses mignons, et composa des poèmes érotiques. Il maniait les armes avec dextérité, et connaissait à fond l’art militaire ; il se livra aussi aux exercices des gladiateurs. Il était à la fois sévère et riant, affable et hautain, impétueux dans ses passions et retenu, avare et libéral, plein de dissimulation tantôt cruel, tantôt clément : enfin tout en lui était contraste.

Latin : « Aelius Spartianus, Vie d'Hadrien », Histoire Auguste, Itinera Electronica, Université Catholique de Louvain : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/scriptores_HA_SHA_Had/texte.htm
Traduction : Fleury Legay (trad.), Écrivains de l'Histoire auguste, t. 1, Paris : C. L. F. Pancoucke, 1844, p. 39-40.
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