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Extrait

1533-1542 : l'imprimé entre dans les bibliothèques

Carla Bozzolo, Ezio Ornato, « Les bibliothèques entre le manuscrit et l'imprimé », 1989

Si l'on se fie aux données de la série d'inventaires amiénois, qui [...] paraît être assez représentative de bien des villes de la France du Nord, il est possible de distinguer dans le processus de transition une décennie charnière : 1533-1542. C'est à cette époque, en effet, que se produisent trois phénomènes marquants pour l'histoire du livre : d'une part, un accroissement significatif de la taille moyenne des bibliothèques ; de l'autre, une chute brutale du nombre de mentions de manuscrits dans les inventaires, ainsi que du nombre de volumes dont le titre est spécifié. Les deux premiers reflètent l'évolution d'une situation objective. Le troisième, quant à lui, est la manifestation d'un changement subjectif : le livre en tant qu'objet matériel perd du terrain dans l'échelle des valeurs ; produit industriel, il ne demande plus à être richement décoré ; véhicule d'un savoir qui se renouvelle plus rapidement que par le passé, il est de moins en moins considéré comme un bien transmissible. Or, c'est précisément grâce à ces mutations matérielles, que la culture écrite gagne du terrain dans l'échelle des besoins. 

Carla Bozzolo, Ezio Ornato, « Les bibliothèques entre le manuscrit et l'imprimé », dans André Vernet (dir.), Histoire des bibliothèques françaises, Paris : Promodis, 1989, p. 346
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