Maupassant en 30 dates

5 août 1850
Naissance de Guy de Maupassant officiellement au château de Miromesnil, commune de Tourville-sur-Arque, près de Dieppe, mais plus vraisemblablement chez ses grands-parents à Fécamp. Il est le fils de Gustave de Maupassant (1821-1900) et de Laure Le Poittevin (1821-1903).

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Soleil couchant à Etretat

Guy de Maupassant a grandi en Haute-Normandie. Il est né en 1850 au château de Miromesnil, commune de Tourville-sur-Arque, près de Dieppe. Sa famille déménage à Grainville-Ymauville (1854), puis à Paris (1859). Quand ses parents se séparent, il s’installe à Étretat avec sa mère. C’est une période de grande liberté, parfois les pêcheurs l’emmènent en mer. Sa mère finit par l’envoyer à l’Institution ecclésiastique d’Yvetot, mais Maupassant se fait renvoyer. Elle l’inscrit alors au lycée de Rouen. En 1869, il monte à Paris, pour faire son droit. Au début des années 1880, alors qu’il a trente ans, Maupassant se fait construire une maison à Etretat, qu’il nomme « La Guillette ».

Le paysage marin sera essentiel dans ses écrits, notamment dans Une vie (1883), qui évoque la destinée de Jeanne, jeune fille rêveuse choyée par ses parents, mariée à un hobereau normand aussi séduisant que viveur, Julien de Lamare. Au début du roman, Jeanne part en bateau avec son père et Julien de Lamare afin passer la journée à Etretat. Ce souvenir enchanté sera terni par la suite. C’est dans ce même « petit bois près d’Etretat » où elle discute pour la première fois de manière intime avec Julien, qu’elle découvrira l’infidélité de ce dernier avec Gilberte.

« Une brise légère et continue, venant du large, effleurait et ridait la surface de l’eau. La voile fut hissée, s’arrondit un peu, et la barque s’en alla paisiblement, à peine bercée par la mer.
On s’éloigna d’abord. Vers l’horizon, le ciel se baissant se mêlait à l’Océan. Vers la terre, la haute falaise droite faisait une grande ombre à son pied, et des pentes de gazon pleines de soleil l’échancraient par en- droits. Là-bas, en arrière, des voiles brunes sortaient de la jetée blanche de Fécamp, et là-bas, en avant, une roche d’une forme étrange, arrondie et percée à jour, avait à peu près la figure d’un éléphant énorme en- fonçant sa trompe dans les flots. C’était la petite porte d’Etretat. Jeanne, tenant le bordage d’une main, un peu étourdie par le bercement des vagues, regardait au loin ; et il lui semblait que trois seules choses étaient vraiment belles dans la création : la lumière, l’espace et l’eau. […]
Le baron, assis à l'avant, surveillait la voile, tenant la place d'un homme. Jeanne et le vicomte se trouvaient côte à côte, un peu troublés tous les deux. Une force inconnue faisait se rencontrer leurs yeux qu'ils levaient au même moment comme si une affinité les eût avertis ; car entre eux flottait déjà cette subtile et vague tendresse qui naît si vite entre deux jeunes gens […]
Et soudain on découvrit les grandes arcades d’Etretat, pareilles à deux jambes de la falaise marchant dans la mer, hautes à servir d’arche à des navires ; tandis qu’une aiguille de roche blanche et pointue se dressait devant la première. »

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© Musée des Beaux-Arts de Nancy

1860
Séparation à l’amiable des époux Maupassant : le père reste à Paris, où il est caissier dans une banque ; la mère s’installe avec ses fils, à Étretat, villa des Verguies. Laure de Maupassant fait elle-même la classe à ses fils avant d'engager, deux ans plus tard, l’abbé Aubourg comme précepteur.

1863-1868
Pensionnaire à l’Institution ecclésiastique d’Yvetot, Maupassant compose ses premiers vers. Il s’ennuie, et ne supporte ni l’enfermement ni le poids de la religion. Il est renvoyé en mai 1868 et devient interne au lycée de Rouen.

Été 1866
Rencontre du poète anglais Charles Swinburne, sauvé de la noyade.

1868
Rencontre du poète Louis Bouilhet (1824-1869), qu’il admire.

1869
Guy de Maupassant est reçu bachelier ès lettres le 27 juilllet et s'inscrit dès octobre à la faculté de Droit à Paris.

1870-1871
Conscrit lors de la guerre de 1870, Maupassant est affecté à l’intendance. Il participe à la retraite de son armée vers le Havre, puis est incorporé dans l’artillerie fin septembre. Il paie un remplaçant et quitte l’armée en 1871.

1872
Employé bénévole au Ministère de la Marine et des Colonies à partir de mars, il est bientôt nommé surnuméraire au Bureau des Équipages de la flotte au Ministère tandis qu'il commence sa deuxième année de droit ; l'année suivante, ce poste se transforme en emploi rémunéré. En novembre, il se brouille avec son père, qui lui versait une petite pension.

1873
Alors qu'il passe l'été à faire du canotage sur la Seine, à Argenteuil avec des amis, Maupassant débute son apprentissage littéraire auprès de Flaubert, qui lui conseille sur son style et l’encourage à écrire.

1874
Guy de Maupassant demande à sa mère de lui envoyer des sujets de nouvelles.

1875
Guy de Maupassant fréquente des écrivains célèbres : Daudet, Goncourt, Tourgueniev, Zola, rencontrés chez Flaubert, rue Murillo.

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Cabinet de Flaubert à Croisset

Maupassant commence à fréquenter Flaubert, ami d’enfance de feu son oncle, Alfred Le Poittevin, à partir de 1867, il a alors dix-sept ans. Flaubert devient son mentor et l’incite à persévérer dans la carrière des lettres. Maupassant le visite à Croisset, et, une fois installé à Paris, rue Murillo, puis rue du Faubourg-Saint-Honoré, où Flaubert séjourne quand il se rend à Paris. Grâce à lui, Maupassant rencontre Tourgueniev, Edmond de Goncourt, Mendès, Zola, Daudet, commence à publier des nouvelles dans les journaux… Flaubert a le temps de saluer la publication de Boule de Suif, avant de succomber à une apoplexie le 8 mai 1880. Maupassant s’occupe personnellement de la toilette funèbre.

En novembre 1890, à l’occasion de l’inauguration d’un moment de Gustave Flaubert à Rouen, Maupassant écrit pour Gil Blas un texte sur Croisset, « Flaubert et sa maison » :

« Sa maison est devenue aujourd’hui une usine à pétrole. Il n’existait pas peut-être en France une demeure plus littéraire et plus séduisante pour un écrivain. Toute blanche, datant du XVII^e siècle, séparée de la Seine par un gazon et par un chemin de halage, elle regardait la magnifique vallée normande qui va de Rouen au port du Havre.
Les grands navires, remorqués lentement vers la ville et vus des fenêtres du cabinet de travail de Flaubert, semblaient passer dans le jardin. Il les regardait, la face collée aux vitres, puis il retournait s’asseoir à sa table de travail, reprenait, dans son grand plat d’Orient, une des cent plumes d’oie qui dormaient là, et il se remettait à écrire en déclamant sa prose.
Il veillait si tard chaque nuit que sa lampe servait de phare aux pêcheurs de la rivière. Deux des fenêtres de ce cabinet, plein de livres et de souvenirs de voyage, s’ouvraient sur le jardin, dont les allées gravissaient la côte. Un immense tulipier les venait caresser. Presque jamais Flaubert ne quittait ce cabinet de travail, n’aimant pas marcher, car il répétait souvent que le mouvement n’est point philosophique.
Quelquefois, cependant, il allait se promener une demi-heure dans la longue avenue de tilleuls, à la hauteur du premier étage, allant de la maison au bout de la propriété. »

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© Université de Rouen, Faculté des Lettres

1876
Alors qu'apparaissent des problèmes cardiaques, pour lesquels Maupassant consulte des spécialistes, il fait la rencontre des poètes parnassiens et publie ses premières chroniques dans la presse.

1877
Le 2 mars, Maupassant apprend qu’il est atteint d’une « vieille syphilis datant de six à sept ans ». Il prend donc, en août-septembre, un congé de deux mois durant lequel il part en cure à Loèche-les-Bains (Suisse) pour y soigner les troubles causés par la maladie.
16 avril : dîner chez Trapp. Maupassant et les jeunes écrivains de la constellation naturaliste, Paul Alexis, Henry Céard, Léon Hennique, Joris-Karl Huysmans et Octave Mirbeau, célèbrent leurs maîtres, Gustave Flaubert, Edmond de Goncourt et Émile Zola.
La Trahison de la comtesse de Rhune, drame en trois actes et en vers, non représenté.
Décembre : Maupassant établit le plan de son futur roman Une vie, sur lequel il travaille l'année suivante.

Décembre 1878
Grâce à l’intervention de Gustave Flaubert, Maupassant est employé au Ministère de l’Instruction Publique, jusqu'au 1^er juin 1880.

1879
Séjour à Étretat, voyage en Bretagne et à Jersey. Troubles de santé. Il fera dans les années suivantes de nombreux voyages à Étretat et en Bretagne.
Décembre : Parution du conte « Le Papa de Simon » dans La Réforme.

1880
17 avril : Publication de « Boule de suif » dans Les Soirées de Médan. Succès.
25 avril : Publication de Des vers, recueil de poèmes (Charpentier).
31 mai : Maupassant entre comme journaliste au Gaulois.
Septembre : voyage en Corse avec sa mère.

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Boule de suif

Plat supérieur illustré de la couverture

Maupassant sort de l’anonymat en 1880 avec la publication de Boule de Suif dans le recueil collectif des Soirées de Médan, considéré comme un manifeste du naturalisme. Flaubert salue la nouvelle comme un « chef-d’œuvre ».

Comme les autres nouvelles du recueil, Maupassant traite de la guerre franco-prussienne de 1870, qui signe la chute du Second Empire.

Dans l’espace clos d’une diligence, Maupassant livre une satire féroce de la bassesse humaine. Neuf personnes, dont une jeune prostituée Boule de Suif, fuient Rouen face à l’avancée des troupes prussiennes. Après avoir partagé ses provisions et accepté, sous la pression des autres voyageurs, de s’offrir à un officier prussien pour permettre à la diligence de continuer sa route, Boule de Suif sera mise au ban.

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La Maison Tellier

Gil Blas

Lancé le 19 novembre 1879 par A. Dumont, le Gil Blas, quotidien républicain, acquiert dans les milieux bien pensants, la réputation d’un journal « léger et grivois ». « Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd’hui et recommencer le lendemain » telle est sa devise. D’emblée, ce quotidien est le plus littéraire de tous et compte parmi ses chroniqueurs les meilleures plumes de Paris : Théodore de Banville, Guy de Maupassant, Jean Richepin… Sa plus belle réussite est la création de ses suppléments superbement illustrés par les plus grands artistes (au premier rang desquels Steinlen) qui publient en bonnes feuilles de très nombreux poèmes, nouvelles et romans. Interrompu en 1914, il reparaît par intermittences jusqu’en 1938.

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1881
Mai : Publication de La Maison Tellier, premier recueil de contes (Havard).
Juillet-août : Envoyé spécial en Algérie pour Le Gaulois, Guy de Maupassant trouve l’inspiration de futurs contes et chroniques.
29 octobre : Début de la collaboration au Gil Blas sous le pseudonyme de Maufrigneuse.

Juin 1882
Publication du recueil de nouvelles Mademoiselle Fifi (Kistemaeckers).

1883
27 février : Honoré Lucien Litzelmann († 1947) naît à Paris, de « père non dénommé » et de Joséphine Litzelmann (1855-1920), modeste modiste. C’est le premier enfant illégitime de Maupassant. Suivront Jeanne Lucienne (1884-1952) et Marthe Marguerite (1887-1951).
Avril : Publication d’Une vie, premier roman (Havard).
Juin : Publication des Contes de la bécasse, recueil (Rouveyre et Blond).
Fin novembre : Publication du recueil de nouvelles Clair de lune (Monnier).
François Tassart entre au service de Guy de Maupassant comme valet de chambre.
Décembre : Rencontre d’Hermine Lecomte du Nouÿ, femme de lettre et sa voisine à Étretat.

1884
Janvier : publication de Au soleil, récit de voyage (Havard).
Février : Guy de Maupassant publie et préface les Lettres de Gustave Flaubert à George Sand (Charpentier).
Mars : Guy de Maupassant est nommé sociétaire de la Société des Gens de Lettres (SGDL).
21 avril : Début de la collaboration avec le Figaro.
28 avril : Publication de Miss Harriet, recueil (Havard).
19 juillet : Publication de Les Sœurs Rondoli, recueil (Ollendorff).
Novembre : Publication d’Yvette, recueil (Havard).

1885
Mars : Publication des Contes du jour et de la nuit, recueil (Havard).
Avril-mai : Voyage en Italie.
11 mai : Publication de Bel-Ami, roman (Havard). La vente du livre est gênée par les funérailles nationales de Victor Hugo.
23 juillet-17 août : Cure à Châtel-Guyon et travail sur son futur roman Mont-Oriol.
Maupassant fréquente les salons parisiens, notamment ceux de Marie Kann et de Geneviève Strauss;

1886
Janvier : Publication de Toine, recueil (Marpon & Flammarion).
Février : Publication de Monsieur Parent, recueil (Ollendorff).
Mai : Publication de La Petite Roque, recueil (Havard).
Juillet-août : Cure à Châtel-Guyon, puis voyage en Angleterre;

1887
Février : publication du roman Mont-Oriol en volume chez Havard, très bien reçu par la critique. Maupassant signe la pétition contre l’érection de la Tour Eiffel dans le journal Le Temps.
17 mai : Publication du recueil Le Horla (Ollendorff).
Juillet : Ascension dans le ballon Le Horla jusqu’en Belgique;

1888
Mi-janvier : Publication de Pierre et Jean, en volume précédé de « Le Roman » (Ollendorff).
Maupassant rachète le bateau La Zingara et le rebaptise Bel Ami. Voyage en Méditerranée.
Juin : Publication de Sur l’eau, récit de voyage (Marpon & Flammarion).
Septembre-octobre : Cure à Aix-les-Bains, Maison de Varicourt, pour soigner de violentes migraines empêchant l’écrivain de travailler.
Octobre : Publication de Le Rosier de Madame Husson, recueil (Quantin).
Novembre : Voyages en Algérie et en Tunisie.

1889
Mars : Publication de La Main gauche, recueil (Ollendorff).
15 mai : Publication de son cinquième roman Fort comme la mort (Ollendorff). Maux d’yeux et céphalées. Visite de l’Exposition universelle.
Septembre-octobre : Visite de Tunis, Livourne, Pise et Florence.
13 novembre : Décès de son frère à l’asile de Bron, où il était interné depuis août;

1890
Mars : Publication de L’Inutile Beauté, recueil (Havard).
Avril : Publication de La Vie errante, récit de voyage (Ollendorff).
Juin : Publication de Notre cœur, sixième et dernier roman (Ollendorff).
19-25 juin : Cure à Aix-les-Bains, au Grand Hôtel de l’Europe.
Mi-juillet : Cure à Plombières-les-Bains puis séjour dans le chalet des Cahen d’Anvers à Gérardmer (Vosges).

1891
Janvier : Divers troubles provoqués par la syphilis tertiaire. L’Angélus, dernier roman de Maupassant, reste inachevé.
Mars : Musotte, pièce de théâtre, jouée au Gymnase puis publiée en volume (Ollendorff).
Fin avril : Dégradation constante de la santé de Maupassant, qui prend de nombreuses drogues.
Juillet-août : Cure interrompue à Bagnères-de-Luchon. Cure à Divonne-les-Bains, Chalet du Mont-Blanc, puis à Champel (Suisse).
Décembre : Rongé par la maladie, Maupassant n’arrive plus à écrire. Il fait son testament.

7 janvier 1892
Internement à la clinique du D^r Blanche à Passy.

1893
6 mars : La Paix du ménage, pièce créée à la Comédie-Française, puis publiée chez Ollendorff.
6 juillet : Mort de Maupassant des suites d’une syphilis tertiaire. Il est enterré deux jours plus tard au cimetière du Montparnasse (Paris 14^e).