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Une vie

Guy de Maupassant
Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche, peinture de Claude Monet
Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche, peinture de Claude Monet

© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle

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Paru en 1883, Une vie est le premier roman de Guy de Maupassant, où l’influence de Gustave Flaubert est manifeste. Histoire d’une existence vide, livre sur rien, mais sur tout ce qui compose la vie d’une femme de l’époque, c’est une œuvre qui ne peut laisser insensible.

Récit de vie au pays de Caux

Paru chez l’éditeur Havard, après avoir été publié en feuilleton dans Gil Blas du 27 février au 6 avril 1883, le roman Une vie évoque la destinée de Jeanne Le Perthuis des Vauds, frêle jeune fille rêveuse et impréparée face à la dureté de l’existence. À peine sortie du couvent, la blonde héroïne épouse Julien de Lamare, hobereau normand, aussi séduisant que viveur.

Et elle se mit à rêver d’amour.

Maupassant, Une vie, chapitre I

Jean Monet dans son berceau
Jean Monet dans son berceau |

© Gallery national of art (Washington), Domaine public

Confrontée à la mort de ses parents (d’abord sa mère puis son père Simon-Jacques, un baron libre-penseur et rousseauiste), au décès de son second enfant puis de Julien et de sa tante Lison, Jeanne aura subi les infidélités de son époux, affronté les secrets de famille trop longtemps tus, la trahison de sa sœur de lait Rosalie, séduite par son mari et mère d’un fils illégitime, puis de son fils Paul, aussi dépravé que son père, qui lui laisse sa fille nouveau-née à élever, fruit de ses amours avec une femme légère. Femme vertueuse qui perd ses illusions les unes après les autres, épouse bafouée dans un pays de Caux où le clergé est encore très influent sous la Restauration, Jeanne ne trouvera la sérénité et la joie de vivre qu’auprès de sa petite-fille. Sa vieillesse s’avèrera plus douce, au côté de Rosalie.

Le succès d’une œuvre intemporelle

La vie, voyez-vous, ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit. 

Maupassant, Une vie, chapitre XIV

Roman salué par la critique et diffusé dans les gares, Une vie connut un succès public en raison du sujet traité : la condition des femmes dans la société de la Restauration, mais surtout des descriptions du pays de Caux et de la Corse où Jeanne connaît le plaisir lors de son voyage de noces. La réception du roman fut donc plutôt bonne pour une œuvre dont la gestation fut longue, le manuscrit portant les traces de multiples corrections.

La Promenade
La Promenade |

© Musée J. Paul Getty, Domaine Public

Deux courants s’opposent dans la critique contemporaine. Les antinaturalistes saluèrent le naturalisme atténué et la puissance de l’œuvre, tandis que les naturalistes admirèrent la maîtrise du style et le sens de la vie se détachant des pages du roman. Ils y virent un chef-d’œuvre de l’écriture de la nouvelle école. D’autres critiques furent choqués par l’évocation parfois crue de la sexualité (nuit de noces, voyage en Corse, adultères de Julien, etc.) et des pulsions de mort de Jeanne. Mais ces passages évoqués comme s’il s’agissait d’une femme qui tenait la plume contribuèrent à rendre pérenne et actuelle l’histoire de Jeanne aux prises avec ses désillusions. Plusieurs adaptations cinématographiques du roman existent, à l’image de celle de Stéphane Brizé, saluée en 2016.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2017).

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