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À la recherche du temps perdu, résumé par tomes

Albertine endormie
Albertine endormie

Bibliothèque nationale de France / © Adagp, Paris, 2022

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La logique du désir tient une grande place dans la Recherche, mais la peinture qui en est faite est déconcertante, tant les revirements de l’angoisse à l’indifférence, ou, en amour, de l’hétérosexualité à l’homosexualité, sont fréquents. Résumer l’œuvre oblige donc à contredire régulièrement ce que l’on avait exposé, au gré des déconvenues surprenantes qui forment son mouvement et fondent son humour.

Du côté de chez Swann

Dans la première partie, « Combray », le personnage qui dit « je » rassemble des souvenirs, notamment l’angoisse des soirs où il ne recevait pas le baiser de sa mère. D’autres souvenirs remontent quand il goûte, au cours d’une matinée de sa vie d’adulte ennuyé, une madeleine trempée dans du thé. Cette saveur lui rappelle son enfance à Combray et les promenades dans les environs de ce village. Du côté de chez Swann, il rencontre la fille de celui-ci, Gilberte. Du côté de Guermantes, où vit une duchesse, il contemple le mirage de l’aristocratie. Sa première expérience d’écriture lui procure un plaisir initiatique.

« Un amour de Swann », deuxième partie de ce premier tome, est l’histoire de la passion de Swann pour Odette avant la naissance du héros. Bien que cette cocotte ne soit pas son genre, Swann s’inocule la maladie de l’amour, et finit pris à son propre piège, transformé par une jalousie qu’alimente les infidélités d’Odette. À partir du jour où il découvre que son amour n’est pas à sens unique, il cesse peu à peu de le ressentir.

Dans « Nom de pays : le nom », troisème et dernière partie de ce tome, le héros, jeune adolescent, rêve d’aller à Balbec, Florence et Venise. Son désir a un tel effet sur ses nerfs qu’il tombe malade le jour où son rêve est sur le point de se réaliser. Pour épargner sa santé, ses parents ne lui autorisent pas d’autre destination que celle des Champs-Elysées. Mais là, il revoit Gilberte, et c’est la fièvre de l’amour qui s’empare de lui.

Illustration d' À la recherche du temps perdu
Illustration d' À la recherche du temps perdu |

Bibliothèque nationale de France / © Adagp, Paris, 2022

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

La première partie, « Autour de Mme Swann », s’ouvre sur l’explication jusque-là retardée du mariage de Swann et Odette. Le héros retrouve toujours leur fille Gilberte aux Champs-Elysées. Être invité à goûter chez elle est un rêve devenu réalité. Mais peu à peu, sentant qu’il l’aime trop, elle ne veut plus le voir, ce qui lui est très douloureux.

Dans « Nom de pays : le pays », le héros séjourne avec sa grand-mère au Grand Hôtel de Balbec. Parmi les clients qu’il observe de loin, il y a la mystérieuse Mlle de Stermaria, dont il aimerait s’approcher, mais à laquelle il ne peut être présenté.

Robert de Saint-Loup, de la famille des Guermantes, beau jeune homme qui lui semble d’abord hautain, devient son grand ami. Un autre Guermantes, le baron de Charlus, arrive à l’hôtel et décontenance le héros par son attitude ambivalente à son égard.

Un jour, une petite bande turbulente fait son apparition sur la digue. Jeunes, sportives, gaies et méprisantes, ces jeunes filles fascinent le héros. Andrée, Gisèle, Rosemonde… Après les avoir toutes aimées indifféremment, il décide qu’il préfère Albertine. Or celle-ci doit passer une nuit au Grand Hôtel. Le héros connaît alors un bref moment d’euphorie, car il croit que rien ne l’empêchera de l’embrasser. Le retour à la réalité est brutal. Étonné qu’elle ait refusé son baiser, le héros se fait une nouvelle opinion d’elle, et la désire moins.

Le côté de Guermantes

Le héros a une troisième obsession, dont l’objet est la duchesse de Guermantes. Il a déménagé, de sorte qu’elle et son mari sont ses voisins. Il rend une visite intéressée à Saint-Loup dans sa garnison : son ami étant le neveu de la duchesse de Guermantes, il pourrait être le moyen de raccourcir la distance qui les sépare.

De retour à Paris, le héros assiste à l’agonie de sa grand-mère. Il remarque que sa mort ne lui cause aucune tristesse.

Albertine lui rend visite. Il obtient d’elle ce qu’il désirait tant à Balbec, mais vit ce moment avec indifférence, car c’est Mme de Stermaria qui occupe alors sa pensée. Un autre manque est comblé, celui d’être invité chez les Guermantes, mais le héros est déçu par l’insignifiance des discussions qui n’ont rien de l’originalité qu’il s’attendait à trouver dans ce monde si inaccessible.

Le volume se clôt sur la confirmation de la cruauté dont sont capable les Guermantes, qui, entendant leur ami Swann leur dire qu’il n’a que quelques mois à vivre, préfèrent ne pas le croire et se dépêcher de partir pour une mondanité.

Robert de Saint-Loup et M. de Charlus
Robert de Saint-Loup et M. de Charlus |

Bibliothèque nationale de France / © Adagp, Paris, 2022

Sodome et Gomorrhe

La découverte de l’homosexualité de Charlus explique rétrospectivement son attitude avec le héros, qui lui plaisait bien. La soirée chez la princesse de Guermantes est l’occasion de décrire les mécanismes du monde de l’aristocratie, ses codes, son langage. Plusieurs discussions sont rapportées, notamment sur l’affaire Dreyfus.

Le héros retourne à Balbec, cette fois avec sa mère et non sa grand-mère décédée. Il ressent enfin la tristesse liée à cette mort.

Son désir de revoir Albertine est exaucé. Seulement, sa méfiance envers elle grandit. Il a du mal à la croire quand elle lui dit qu’elle ne regarde pas les autres femmes. Mensonges, manipulations, passages de la tendresse à l’indifférence rythment leur relation.

Nous avons aussi le récit des réceptions chez les Verdurin où nous retrouvons Charlus et Morel, le jeune violoniste dont il est amoureux.

Quand Albertine lui révèle qu’elle connaît deux femmes qu’il sait être lesbiennes, la jalousie qu’il ne ressentait plus depuis un moment se réactive et décuple son amour pour elle.

Albertine et Andrée au casino de Balbec
Albertine et Andrée au casino de Balbec |

Bibliothèque nationale de France / © Adagp, Paris, 2022

La Prisonnière

Le héros vit en concubinage avec Albertine à Paris. Lorsqu’il n’est pas maladivement jaloux, il s’ennuie et voudrait qu’elle parte pour qu’il puisse avoir du plaisir avec d’autres femmes. Projetant sur elle son désir d’infidélité, il la soupçonne de le tromper avec ses amies, notamment Andrée. Tout ce qu’elle lui dit l’inquiète, soit qu’elle lui fasse l’aveu d’une vérité comme celle qu’elle et Gilberte se sont déjà embrassées, soit qu’il soupçonne un mensonge.

Il se rend sans elle à une soirée chez les Verdurin où se produit Morel et dont les invitations ont été lancées par Charlus. À la fin de cette soirée, Mme Verdurin enrage car tous les invités remercient le baron et l’ignorent complètement. Elle convainc Morel de rompre avec Charlus en calomniant ce dernier.

Le narrateur décrit de nouveau sa vie avec Albertine, ses oscillations entre jalousie et indifférence. Quand elle refuse ses baisers, l’angoisse est la même que celle des soirs sans le baiser de la mère. Alors qu’il rêve d’aller à Venise sans Albertine, il apprend qu’elle est partie.

Albertine disparue

Le départ d’Albertine cause au héros une souffrance qu’il n’avait pas prévue. Il tente en vain de la faire revenir. C’est au moment où il s’imagine qu’il serait libéré de sa souffrance si elle mourrait qu’une lettre lui apprend qu’elle est en effet morte d’une chute de cheval. Commence alors une longue entreprise d’acceptation de cette disparition inconcevable. L’oubli commence à faire son travail quand il croise le regard d’une femme qu’il croit connaître de réputation comme étant une prostituée. Il la rencontre chez les Guermantes : il s’agissait en réalité de Gilberte. Il a aussi eu la surprise de voir qu’a paru dans Le Figaro un article dont il est l’auteur. Cette expérience solidifie son envie de consacrer sa vie à l’écriture.

Le récit que fait Andrée des relations adultérines et homosexuelles d’Albertine le laisse indifférent. Il constate définitivement son indifférence pour Albertine lors d’un séjour à Venise. Là, il croit recevoir une lettre de celle-ci, qui serait vivante, mais en réalité l’expéditrice est Gilberte, qui lui apprend son mariage avec Saint-Loup. Il la revoit dans sa maison des environs de Combray. Elle est trompée par son mari, mais ignore que c’est avec des hommes.

Albertine endormie
Albertine endormie |

Bibliothèque nationale de France / © Adagp, Paris, 2022

Le Temps retrouvé

Toujours chez Gilberte, le héros se fait des réflexions sur Saint-Loup, et sur l’homosexualité dans la famille des Guermantes en général.

Il est dans une maison de santé quand la guerre éclate. Il rentre à Paris pour constater qu’elle a transformé la société parisienne, et découvre un autre secret de Charlus, à savoir qu’il fréquente une maison de passe où il paie de jeunes hommes pour qu’ils le martyrisent.

Après le chagrin d’avoir perdu son ami Saint-Loup, mort au front, le héros fait un second séjour dans une maison de santé. Il en sort sans avoir guéri de la dépression qu’il voulait y faire soigner. Ayant perdu l’espoir de devenir écrivain, il accepte de perdre son temps à une matinée chez la princesse de Guermantes. Dans la cour, il butte par hasard contre des pavés mal équarris, sensation qui ressuscite le souvenir de Venise, comme la madeleine avait fait revivre un Combray oublié. Alors tout devient clair. Cette réminiscence et plusieurs autres provoquées également par des sensations lui font comprendre que celles-ci, étant éprouvées à la fois dans le passé et le présent, le déplacent hors du temps et lui permettent de jouir de l’essence des choses. Il éprouve une félicité qui remplace son découragement par un sentiment d’urgence : avant que la mort l’emporte, il faut qu’il entreprenne la laborieuse construction d’une œuvre qui représente la réalité du temps vécu. La rencontre avec les invités de la princesse de Guermantes qui ont spectaculairement vieilli lui confirme son idée, qui est que l’on n’occupe pas seulement une place dans l’espace, mais surtout une – et celle-là considérable – dans le Temps.

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