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Degas photographe

1895, année photographique
 
Autoportrait avec sa gouvernante, Zoé Closier
Autoportrait avec sa gouvernante, Zoé Closier

Bibliothèque nationale de France

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Dans les années 1890, Degas se livre brièvement mais intensément à la photographie.

La photographie, ça a été une passion terrible, j’ai ennuyé tous mes amis.
 

Edgar Degas à Daniel Halévy, 1905
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© Bibliothèque nationale de France

Les techniques du noir et blanc dans l’œuvre de Degas
Par Flora Triebel

Dans les années 1890, alors que ses huiles et pastels se font « orgies de couleurs » selon l’expression de Degas lui-même, le noir et blanc connaît un surprenant regain dans son œuvre. Il se livre à la lithographie, au dessin, au fusain sur calque et, brièvement mais intensément, à la photographie. Réalisées pour l’essentiel le soir, à la lumière artificielle, chez lui ou dans les salons de ses amis, ses photographies forment des compositions énigmatiques, dans des atmosphères ténébreuses, où les figures, absorbées, sont empreintes de gravité et de mélancolie. Dans la continuité de ses motifs gravés, il tente de capter « l’atmosphère de lampes ou lunaire ».

Profil de chanteuse
Profil de chanteuse |

Bibliothèque nationale de France

Portrait au miroir du peintre Henry Lerolle et de ses deux filles, Yvonne et Christine, chez eux
Portrait au miroir du peintre Henry Lerolle et de ses deux filles, Yvonne et Christine, chez eux |

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Daniel Halévy a laissé un témoignage fameux, racontant la mise en œuvre de la séance du 28 décembre 1895 : « La soirée plaisir était finie ; Degas enfla sa voix, devint autoritaire, commanda qu’on portât une lampe au petit salon et que quiconque ne poserait pas y allât – la soirée devoir commença ; il fallut obéir à la terrible volonté de Degas, à sa férocité d’artiste. En ce moment, tous ses amis parlent de lui avec terreur. Si on l’invite le soir, on sait à quoi l’on s’engage : à deux heures d’obéissance militaire […]. Il déplaçait les lampes, changeait les réflecteurs, essayait d’éclairer les jambes en posant une lampe par terre ». Le récit se poursuit avec l’ordonnancement des physionomies de modèles :

Et vous mademoiselle Henriette, penchez la tête – et plus ! et plus ! et franchement ! Couchez-vous sur l’épaule de votre voisine

Photographies doubles
Photographies doubles |

Bibliothèque nationale de France

Et comme elle n’obéissait pas à son gré, il l’attrapa par la nuque et la mit comme il voulait ; puis il saisit Mathilde à son tour, et lui tourna le visage vers son oncle. Alors il recula et s’écria d’une voix heureuse : « On y va !! ». Il y eu deux minutes de pose  et ainsi de suite. […] À onze heures et demi tout le monde partit  Degas portant son appareil, fier comme un enfant qui porte un fusil entouré des trois jeunes filles qu’il faisait rire.

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© Bibliothèque nationale de France

Les photos doubles de Degas

Sa pratique de la photographie reste confidentielle de son vivant, et, de fait, le corpus qui en a subsisté est lacunaire. En décembre 1895, Degas organise néanmoins une brève exposition chez son marchand de couleurs et tireur, qui permettait d’apprécier ses plus grands tirages et sa sensibilité à la belle épreuve photographique. 

Provenance

Cet article a été conçu dans le cadre de l'exposition « Degas en noir et blanc » présentée à la BnF du 30 mai au 3 septembre 2023.

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