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Les Trois Mousquetaires

Alexandre Dumas
Affiche de 1845 pour la vente des Trois Mousquetaires
Affiche de 1845 pour la vente des Trois Mousquetaires

Bibliothèque nationale de France

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Avec Les Trois Mousquetaires, Alexandre Dumas fait du roman historique un genre populaire et donne ses lettres de noblesse au roman de cape et d’épée. De sa publication sous forme de feuilletons en 1844, l’œuvre garde le rythme trépidant, les coups de théâtre et rebondissements, le ton oscillant entre tragédie et comédie. Revisitant l’histoire à travers les aventures romancées de d’Artagnan et ses compagnons, Les Trois Mousquetaires connaissent un succès international dès sa parution, que confirment les deux suites écrites par Dumas et les nombreuses traductions.

Une intrigue haletante

Le 14 mars 1844 paraît dans le journal Le Siècle le premier épisode d’un nouveau roman d’Alexandre Dumas : Les Trois Mousquetaires. Publiée en feuilletons jusqu’au 14 juillet, l’œuvre sort la même année chez l’éditeur Baudry en huit volumes. Le scénario est assez linéaire : en 1625, le jeune d’Artagnan quitte sa Gascogne natale pour monter à Paris. Rencontrant trois mousquetaires du roi, il se bat en duel contre eux avant de les soutenir contre les gardes du cardinal de Richelieu. C’est le premier acte d’une amitié indéfectible, et le début d’aventures trépidantes où, sur un rythme galopant, entre duels, beuveries, poursuites et romances, les quatre amis vont sauver l’honneur de la reine, participer au siège de La Rochelle, effectuer une mission en Angleterre et déjouer les actions les plus viles du meilleur agent du cardinal, Milady de Winter, qu’ils finiront, non sans drame ni sans larmes, par vaincre. La fin du livre voit d’Artagnan devenir lieutenant des mousquetaires, et ses trois compagnons revenir à la vie civile.

« Les neufs combattants se précipitèrent les uns sur les autres »
Mousquetaires contre gardes du cardinal |

Bibliothèque nationale de France

« Ainsi vous m’aimez ? dit-elle »
Milady et d’Artagnan |

Bibliothèque nationale de France

Entre drame et légèreté

Immédiatement devenu le symbole de la jeunesse et de l’enthousiasme, de la bravoure et de l’allégresse, ce titre est aussi un roman d’apprentissage : d’Artagnan, jeune homme d’à peine vingt ans, quitte son enfance et son pays pour se trouver une famille de substitution. Peut-être parce qu’il est le plus jeune, le plus insouciant, le plus optimiste, c’est lui qui fédère ce groupe de camarades et engage systématiquement l’action. L’histoire, dramatique sur le fond (plusieurs personnages disparaissent, beaucoup d’espoirs sont déçus), est racontée sur un ton léger : Porthos et Aramis sont des personnages plutôt comiques, Athos, individu tragique par excellence, se réfugie dans un détachement flegmatique, aidé il est vrai par le vin. Quant à d’Artagnan, il déborde de vie, d’ardeur, d’esprit et d’ingéniosité. Ce roman est un mélange de tonalités différentes : on passe tour à tour de moments cocasses ou déchirants à des passages romantiques ou haletants. Mais priment avant tout l’action, la vitalité, la vitesse. Et l’humour, qui n’est jamais loin.

« Le jeune homme poussa un cri et tomba près de sa maîtresse »
La mort de Constance |

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« On ne mange toujours qu’une fois, même quand on mange beaucoup »
Les mousquetaires s’invitent à dîner |

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La forme du roman-feuilleton

Devenu modèle absolu du roman historique et des récits d’aventures, ce roman est structuré par une succession d’épisodes, ayant chacun leur couleur et se terminant par un coup de théâtre ou un rebondissement, une caractéristique typique du roman-feuilleton (ce qu’il est). Mais l’écriture ressemble aussi beaucoup au théâtre que Dumas a pratiqué assidûment, avec ses scènes et ses actes. La trame narrative est d’une virtuosité remarquable, jonglant sans cesse entre pièges, quiproquos, incognitos, actions parallèles, personnages suivant chacun leur chemin sans que jamais Dumas ne perde son lecteur. Cette facilité de lecture est renforcée par un vocabulaire relativement simple, compréhensible par tous, quels que soient l’âge et le milieu.

Quand l’histoire se mêle à la fiction

Comme souvent chez Alexandre Dumas s’est posé le problème de la paternité de l’œuvre. Son collaborateur Auguste Maquet a écrit des brouillons, des dialogues, mais c’est Dumas qui a trouvé la documentation, établi le plan du récit, donné le rythme, trouvé le ton, etc. Il s’est inspiré, entre autres mémoires de l’époque, d’un ouvrage de 1700, Les Mémoires de D’Artagnan, rédigé par Courtilz de Sandras, qui regorge d’anecdotes et de personnalités plus ou moins réelles. Dumas ne cherche pas une stricte vérité historique (dates parfois inexactes, événements concentrés ou distordus), mais plutôt à pénétrer la vie quotidienne d’une époque et ancrer dans le réel une fiction. Pour cela il mêle aussi des héros fictifs (les mousquetaires) à des gens biens réels (Richelieu, Anne d’Autriche, Buckingham).

« Misérable ! dit d’Artagnan »
D’Artagnan attaqué par des assassins |

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« D’Artagnan tomba aux pieds du cardinal »
D’Artagnan et le cardinal de Richelieu |

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La trilogie des mousquetaires

Le Vicomte de Bragelonne
Le Vicomte de Bragelonne |

Bibliothèque nationale de France

Ce roman sur la jeunesse, enlevé, dynamique, en état de grâce, connaît deux suites qui, au lieu de l’amoindrir, amplifient sa portée, faisant de cette trilogie une allégorie de la vie. D’abord la sortie de l’adolescence (Les Trois Mousquetaires) où l’on ose tout, car on est audacieux, insolent et prodigue, à la recherche de l’amour également. Puis arrive Vingt ans après (1845), qui se situe durant la Fronde : les mousquetaires ont vieilli, se retrouvent dans des camps opposés, le désir est absent, et seule une mission commune (qui est un échec) peut les rassembler un temps. Conté toujours sur ce rythme frénétique, c’est l’époque des compromis de l’âge mur. Quant au Vicomte de Bragelonne (1847-1850), énorme récit de 276 chapitres, il relate l’installation de la monarchie absolue de Louis XIV, les amis divisés qui ne se rejoindront pas, l’effacement des mousquetaires devenus inutiles, l’amour menant à la mort (Bragelonne, Athos). C’est le roman de la vieillesse, très pessimiste : les mousquetaires s’opposent avant de disparaître, ne contrôlant plus rien, ni les évènements, ni leur vie.

Un succès indémenti

Le succès des Trois Mousquetaires est considérable. Rien que l’année de la publication, on compte six contrefaçons belges et, très vite, viennent des traductions anglaises, allemandes, italiennes, espagnoles, russes, suédoises, etc. On recense au moins dix éditions différentes en France au 19e siècle, sans compter les adaptations théâtrales (souvent de Dumas lui-même), et près de quatre-vingts rééditions au 20e. De nombreux films, bandes dessinées, séries télévisuelles ont été tirés de ce livre, et beaucoup d’œuvres sont inspirées de cet univers. Connu universellement, Les Trois Mousquetaires est l’un des romans les plus traduits. Ce qui n’est pas le cas des suites, peut-être trop sombres, parfois trop longues, tandis que Les Trois Mousquetaires est au contraire la joie de croquer la vie à pleines dents, un récit centré sur l’amitié avec ce seul mot d’ordre : « Tous pour un, un pour tous »…

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2017).

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