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Techniques et mots de la gravure

L’Atelier de gravure en taille-douce
L’Atelier de gravure en taille-douce

Bibliothèque nationale de France

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Estampe, taille-douce, eau forte : autant de mots spécifiques aux techniques de gravure qui prennent leur essor en ce début de 17e siècle…

Une estampe est une image imprimée, théoriquement multipliable à l’identique, à partir d’un élément d’impression quelconque, qu’il s’agisse d’une gravure, d’une lithographie ou d’une sérigraphie, obtenu manuellement ou avec le concours d’un procédé photomécanique et qui, encré, transfère lors de son passage sous une presse (ou son équivalent) sa charge d’encre sur une feuille de papier ou tout autre support offrant la même souplesse. Cette technique apparaît à la fin du 14e siècle en Occident (gravure en bois). On admet généralement que, pour être originale, elle doit être conçue et réalisée entièrement, de préférence à la main, par l’artiste.

Bois Protat, le plus ancien bois gravé connu
Bois Protat, le plus ancien bois gravé connu |

Bibliothèque nationale de France

Au 17e siècle, les procédés de gravure dans le but de réaliser une estampe se répartissent en deux groupes : les procédés en relief et les procédés en creux.

Histoire de Mélusine
Histoire de Mélusine |

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Dans les procédés en relief, le motif destiné à être imprimé n’est pas creusé. C’est autour de lui que l’on creuse. On dit qu’il est épargné, d’où l’appellation de taille d’épargne parfois utilisée pour décrire cette technique, mais qui s’applique le plus souvent à la gravure en bois de fil, de même que le mot savant de xylogravure. La gravure en bois de fil, c’est-à-dire exécutée dans une planche de bois coupée dans le même sens que les fibres de l’arbre, est la technique la plus ancienne. En Occident, elle se développe à partir de la fin du 14e siècle, et règne sans partage jusqu’à la deuxième moitié du 15e siècle et à l’apparition de la gravure en taille-douce.
La gravure en bois présente le double avantage de pouvoir être imprimée avec une presse typographique, donc en même temps, ou du moins dans le même atelier, que le livre, et de permettre des tirages à des dizaines de milliers d’exemplaires. C’est ce qui lui permettra de survivre dans les centres provinciaux produisant de l’imagerie populaire lorsqu’elle aura été supplantée par la taille-douce dans les capitales (à Paris dans les années 1630).

Dans les procédés en creux, ou de taille-douce, le motif destiné à être imprimé est creusé dans l’élément d’impression, qui est généralement en métal, le plus souvent en cuivre. Les creux sont plus ou moins profonds, ce qui permet une variété de tons impossible à obtenir avec le bois, procédé dans lequel l’épaisseur de l’encre est partout égale. Même s’il n’est pas impossible d’imprimer une taille-douce manuellement, transférer sur une feuille de papier l’encre retenue dans les creux ou les tailles du métal exige une pression considérable, qui ne peut normalement être obtenue qu’avec la presse à taille-douce, dont l’invention remonte à la deuxième moitié du 15e siècle. 

La presse en action
La presse en action |

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En gros, les procédés de taille-douce se répartissent en deux groupes : d’une part les procédés d’attaque directe du métal avec un outil, d’autre part les procédés d’attaque indirecte, où le travail de morsure est exécuté par un acide, ces différents procédés pouvant d’ailleurs se combiner ou se succéder.

Parmi les procédés d’attaque directe on compte d’abord la pointe sèche, pointe d’acier avec laquelle l’artiste griffe le métal, y provoquant des écorchures que l’on appelle des barbes, dans lesquelles, au moment de l’impression, l’encre est retenue. La pointe sèche, magnifiquement illustrée au 15e siècle par le Maître du Cabinet d’Amsterdam, puis par Dürer, a cependant le défaut de perdre très rapidement les finesses qui font sa beauté. Elle n’est pas rentable, ne permettant que quelques épreuves de bonne qualité, et, avant que l’invention de l’aciérage, en 1857, ne lui redonne une nouvelle jeunesse, elle n’est employée que comme adjuvant, Rembrandt étant le seul à l’utiliser pleinement.



Le Pont de Six


3e état
Le Pont de Six
3e état
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Le burin et la manière de l’affûter
Le burin et la manière de l’affûter |

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Ensuite vient le burin. Cette petite barre d’acier de section carrée ou losangée, biseautée à une extrémité, emmanchée à l’autre dans une poire de buis, est l’outil par excellence du graveur. Poussée vers l’avant, dans une plaque que l’on peut faire pivoter, elle permet d’obtenir des pleins et des déliés, des droites pures et des courbes parfaitement galbées qui font toute la beauté de cette technique, développée dans le milieu des orfèvres au 15e siècle. Le burin naturel de Schongauer et Dürer évolue vers une manière rangée dont l’œuvre de Robert Nanteuil est, au 17e siècle, un des plus séduisants témoignages. 

Les procédés d’attaque indirecte sont tous des procédés d’eau-forte. La plaque de métal décapée est recouverte d’un vernis protecteur. L’artiste y dessine à la pointe, dénudant le métal partout où elle passe. Posée sur un chevalet agrémenté d’une gouttière, la plaque est arrosée d’acide (eau-forte), lequel mordra les zones dénudées, plus ou moins longtemps selon la profondeur de creux désirée. Si le procédé de la gravure à l’acide est connu depuis le Moyen Âge, c’est seulement au début du 16e siècle, avec Urs Graf, Dürer et Lucas de Leyde, qu’on l’utilise pour l’estampe. Mais le vernis alors employé, et dont se servent encore les graveurs de l’école de Fontainebleau, mou, épais et opaque, ne permet que difficilement les remorsures et donc les effets propres à la taille-douce. Il faut attendre Callot avec son vernis dur et transparent pour obtenir de l’eau-forte finesse et variété de tons. Le vernis de Callot, quelque peu assoupli par ses successeurs, permit à l’eau-forte son véritable développement. Ce fut grâce à cette technique, qui n’exigeait pas un apprentissage aussi laborieux que le burin, que la plupart des peintres eurent accès à l’estampe.

Jacques Callot, Razullo et Cucurucu, 1621-1622
Jacques Callot, Razullo et Cucurucu, 1621-1622 |

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L’impression en taille-douce nécessite l’emploi d’une presse particulière, composée d’une table maintenue par des piliers de bois, et agrémentée d’un plateau mobile placé entre deux cylindres de bois, dont le mouvement est donné par une croisée (ou volant) actionnée par l’imprimeur. La plaque de cuivre doit être encrée entièrement avec une encre grasse et souple mais non liquide ; l’imprimeur la fait pénétrer dans les tailles avec un tampon ou poupée, la plaque étant posée sur un réchaud, la chaleur assouplissant l’encre. Puis l’imprimeur essuie, d’abord avec des chiffons, puis avec la paume de la main, toute l’encre qui est à la surface de la plaque, ne laissant ainsi que celle qui est dans les creux ou tailles. Ensuite il pose la plaque, gravure vers le haut, sur le plateau mobile de la presse, la recouvre d’une feuille de papier préalablement humidifié pour le rendre plus souple et « amoureux » de l’encre, dispose les langes de feutre par-dessus le tout, et actionne la presse. Le plateau se déplace, et la plaque passe sous le cylindre supérieur qui exerce une énorme pression, forçant les langes à pousser le papier qui va chercher l’encre au fond des tailles.

L’imprimerie en taille-douce
L’imprimerie en taille-douce |

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Pour tirer une nouvelle épreuve, il faut recommencer toute l’opération. Le frottement au moment de l’essuyage, puis au moment du nettoyage de la plaque une fois la journée de travail terminée, use progressivement le cuivre. Aussi les tirages de qualité d’une gravure en taille-douce ne dépassent-ils guère deux mille exemplaires pour une eau-forte, et trois mille exemplaires pour un burin.

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