Les livres scientifiques illustrés par Abraham Bosse

Bibliothèque nationale de France
Un caméléon
L’animal est représenté en deux figures. Celle du haut montre le squelette et les principaux organes. Sur celle du bas, l’animal est perché sur un arbre, la queue enroulée autour d’une branche. L’auteur (1613-1680), architecte et chef de file de la jeune école d’anatomie parisienne, était le frère de Charles, qui écrivit les fameux contes.
Cette planche a été gravée d’après Sébastien Leclerc, qui a dessiné et gravé les quatre autres animaux décrits. La planche de Bosse se trouve également imprimée dans la deuxième édition de l’ouvrage, intitulée Description anatomique de divers animaux dissequez dans l’Académie Royale des Sciences... et représentez en figures gravées. Avec les observations faites en leur dissection (Paris, Laurent d’Houry, 1672) et dans un autre ouvrage de Perrault, Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux (Paris, Imprimerie royale, 1671, fol.), qui comprend quinze planches et qui fut réédité avec trente planches en 1676. Pour ce cuivre, Bosse fut payé 170 livres.
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Le Jardin du roi

Hibiscus
De cette plante, Bosse a dessiné et gravé les tiges et les feuilles. Elle faisait partie des mille planches représentant des plantes commandées en 1640 par Guy de La Brosse, intendant du Jardin du Roi, à Bosse, et qui devaient constituer les illustrations de son ouvrage. La mort de La Brosse interrompit ce projet alors que Bosse avait gravé cent vingt planches, les deux plans du Jardin du roi et le titre illustré. Il semble bien qu’il perdit beaucoup d’argent dans cette affaire et ses cuivres furent oubliés jusqu’à ce que Guy-Crescent de Fagon, neveu de La Brosse et son successeur au Jardin du roi, les retrouvât et fît imprimer à cinquante ou soixante exemplaires celles que le vert-de-gris n’avait pas rongées, au nombre de quarante-huit. Puis toutes furent fondues.
Ces tirages donnèrent naissance à vingt-quatre recueils intitulés : Icones posthumae, seu Reliquiae operis historici plantarum in horto regio parisiensi educatarum, a Guid. De la Brosse suscepti, ab Abr. Bosse aeri incisae, Paris, s. d. [1710-1711], in-fol., distribués aux amis botanistes. Chaque recueil comprenait les quarante-huit planches de plantes et les deux plans.
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Il en est certainement de même pour les titres des trois ouvrages de Charas que Bosse illustre. Dans la préface de ses Nouvelles Experiences sur la vipère…, l’auteur reconnait que la réputation de Bosse l’a conduit à lui confier de ces serpents pour qu’il les dessine et les grave le plus exactement possible.
L’Académie des sciences
L’autre pôle scientifique parisien est celui de la jeune Académie des sciences, fondée en 1666, sous les auspices de laquelle fut publié en 1676 l’ouvrage de Denis Dodart, Histoire des plantes, imprimé par l’Imprimerie royale. Pour ce monumental projet, Bosse grave quarante-sept planches, dont seulement dix sont publiées en 1676. À n’en pas douter, Bosse a été choisi en raison de son expérience acquise avec La Brosse.
Bosse grave pour d'autres ouvrages une grande planche où sont représenté le caméléon et un chien disséqué dont on montre le système veineux et la circulation sanguine ; cette planche témoigne des expériences sur la circulation du sang qui avaient été menées dès la création de l’Académie.

Mandragore
La plante est représentée avec sa racine, ses feuilles et ses fleurs.
Après avoir gravé, en 1640-1641, une série de planches pour Guy de La Brosse, Bosse a participé, avec Chastillon et Nicolas Robert, à cette publication pour laquelle trois cent dix-neuf planches de plantes furent gravées d’après des dessins de Nicolas Robert. Bosse en fit quarante-sept, mais dix seulement avaient trouvé place parmi celles publiées en 1676, dans la seule édition qui vit le jour. Une seconde édition des notices, sans les planches imprimées, vit le jour dans le format in-8° en 1679. La description de toutes les plantes gravées fut imprimée dans un ouvrage publié en 1788 par l’Imprimerie royale, Recueil des plantes gravées par ordre du Roi Louis XIV (Paris, Imprimerie royale, 1788, fol. max.), dans lequel toutes les planches ont été mentionnées, numérotées mais non imprimées.
Le cuivre de la Mandragore est conservé à la Chalcographie du Louvre, n° 5663 du catalogue Angoulevent.
En bas, à gauche : Mandragora mas. / Mandragore, et à droite : ABosse sculp.
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Anatomie d’un chien
Georges Duplessis a donné pour titre à cette estampe : Anatomie d’un rat. Cependant, M. Jacques Cuisin, du laboratoire mammifères et oiseaux du Muséum national d’histoire naturelle, démontre que c’est l’anatomie d’un chien pour les raisons suivantes. Chez le rat, en effet, la queue n’est pas aussi courte et poilue ; elle porte des écailles kératinisées. Les pattes courtes et globuleuses au niveau des pelotes plantaires sont plutôt celles d’un chien que celles d’un rat, dont les doigts sont nettement plus allongés. Le museau porte aussi beaucoup des caractères d’un canidé : allongé et assez carré au niveau de la truffe, alors qu’il est bien pointu chez le rat. La lèvre supérieure se dédouble nettement en deux parties latéralisées. Les yeux proéminents n’existent pas chez le rat.
C’est d’autant plus un chien que l’on connaît des chiens qui lui ressemblent comme des frères, attachés de la même manière sur une planche. C’est le cas notamment dans une estampe des Essais de physique de Claude Perrault, où deux d’entre eux s’échangent mutuellement leur circulation sanguine, sans désagrément majeur semble-t-il.
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Provenance
Cet article a été conçu dans le cadre de l’exposition « Abraham Bosse, savant graveur » présentée à la Bibliothèque nationale de France du 20 avril au 11 juillet 2004.
Lien permanent
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