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La Belle et la Bête

Leprince de Beaumont, 1757
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La Belle et la Bête en conversation
La Belle et la Bête en conversation

Bibliothèque nationale de France

La Belle et la Bête en conversation

La Belle et la Bête

La Belle et la Bête est l’un des contes les plus célèbres de la littérature française. Avant d’être adapté au cinéma par Jean Cocteau en 1946, puis de constituer l’un des plus grands succès des studios Walt Disney en 1991, c’est d’abord un long conte féérique et philosophique publié en 1740 par Gabrielle de Villeneuve. C’est dans l’adaptation raccourcie qu’en a donnée Leprince de Beaumont dans son Magasin des enfants  publié en 1757 que cette histoire est inlassablement reprise ensuite, illustrée d’innombrables fois et éditée sans discontinuer dans de nombreuses langues depuis plus de cent cinquante ans.

Le séjour de la Belle au palais met en évidence l’évolution du personnage de la Bête dont la laideur, peu à peu s'efface au profit de sa bonté. Il devient alors « le pauvre monstre », et, loin de faire peur, il provoque la pitié de la jeune fille, même si elle refuse encore de l’accepter comme époux

« Belle passa trois mois dans ce palais avec assez de tranquillité. Tous les soirs, la Bête lui rendait visite, l’entretenait pendant le souper, avec assez de bon sens, mais jamais avec ce qu’on appelle esprit, dans le monde. Chaque jour, Belle découvrait de nouvelles bontés dans ce monstre. L’habitude de le voir l’avait accoutumée à sa laideur ; et, loin de craindre le moment de sa visite, elle regardait souvent à sa montre, pour voir s’il était bientôt neuf heures ; car la Bête ne manquait jamais de venir à cette heure-là. Il n’y avait qu’une chose qui faisait de la peine à la Belle, c’est que le monstre, avant de se coucher, lui demandait toujours si elle voulait être sa femme, et paraissait pénétré de douleur lorsqu’elle lui disait que non. » (Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, « La Belle et la Bête », Magasin des enfants  ou Dialogue d’une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction, 1757).

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La Belle et la Bête est l’un des contes les plus célèbres de la littérature française. Il a été adapté au cinéma par Jean Cocteau en 1946 puis a constitué l’un des plus grands succès des studios Walt Disney en 1991. Mais quelle en est la genèse ?

Les sources du conte : Apulée et Mme de Villeneuve

Inspiré de L'âne d'or d’Apulée, La Belle et la Bête, est d’abord un long conte féérique et philosophique publié en 1740 par Gabrielle de Villeneuve. Il raconte une histoire de rédemption par l’amour sur fond de rivalités entre fées et propose des réflexions très fines sur l’amour, les liens familiaux et toutes les formes de pouvoir. L’ouvrage rencontre un vif succès.

L’âne d’or d'Apulée

L’âne d’or d'Apulée

Lucius Apulei[us], De l’asne doré, autrement dit de la Couronne Cérès contenant maintes belles histoires, délectantes fables

Composé au début du 2e siècle par Apulée (125-170), L’âne d’or (ou Les Métamorphoses) relate les aventures à rebondissements d’un jeune homme qui, trop curieux des mystères de la magie, se retrouve métamorphosé en âne, compagnon d’infortune d’une bande de brigands.
Le récit renferme la fable mythologique des amours de Psyché et Cupidon, dont c’est la plus ancienne occurrence écrite. L’histoire conte l’union surnaturelle d’une femme et d’un monstre, contrariée par la transgression d’un interdit qui conduit à la perte de l’époux puis à sa recherche à travers moult épreuves. Elle fournit la matrice du conte-type 425 décliné aux quatre coins du monde en de très nombreuses versions dont Le Serpentin vert (Mme d’Aulnoy) ou La Belle et la Bête (Mme Leprince de Beaumont).

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L’âne d’or d'Apulée |

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Le Magasin des enfants ou Dialogue d'une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction

Le Magasin des enfants ou Dialogue d'une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction

4 tomes

Mme Leprince de Beaumont s’explique sur son propos : rien de moins que faire penser, parler, agir les jeunes gens, présenter les défauts de leur âge et la manière de les corriger, former leur cœur et éclairer leur esprit tout en les amusant agréablement ! Ayant connu de multiples rééditions jusque dans les années 1880, cette œuvre novatrice au moment de sa parution est depuis le 20e siècle tombée dans l’oubli à l’exception toutefois de ses contes, et tout spécialement de celui qui a fait la postérité de l’auteur, La Belle et la Bête.

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Le Magasin des enfants ou Dialogue d'une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction |

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L'originalité de la version de Mme Leprince de Beaumont

Les deux mauvaises sœurs

Les deux mauvaises sœurs

La Belle et la Bête

La Belle et la Bête est l’un des contes les plus célèbres de la littérature française. Avant d’être adapté au cinéma par Jean Cocteau en 1946, puis de constituer l’un des plus grands succès des studios Walt Disney en 1991, c’est d’abord un long conte féérique et philosophique publié en 1740 par Gabrielle de Villeneuve. C’est dans l’adaptation raccourcie qu’en a donnée Leprince de Beaumont dans son Magasin des enfants  publié en 1757 que cette histoire est inlassablement reprise ensuite, illustrée d’innombrables fois et éditée sans discontinuer dans de nombreuses langues depuis plus de cent cinquante ans.

Si la version dejeanne-Marie Leprince de Beaumont est sexuellement édulcorée, transformant l’union charnelle de la Belle et la Bête en apprentissage psychologique, elle n’évacue pas la rivalité entre les trois sœurs. Binette Schroeder illustre ici littéralement la scène du départ de la Belle pour son sacrifice auprès de la Bête : les sœurs simulent le chagrin en se frottant les yeux avec des oignons. La théâtralité des attitudes et le décor réduit à des murs accentuent l’hypocrisie de ces pleurs.

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Les deux mauvaises sœurs |

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Quand elle compose à Londres son Magasin des enfants ou Dialogue d'une sage gouvernante avec ses élèves de la première distinction, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont imagine d’adapter cette histoire pour un jeune public : elle simplifie l’intrigue, interrompant l’histoire à mi-course, quand la Bête reçoit de la Belle le baiser qui la délivre du sort jeté par une fée jalouse. Cette nouvelle version, publiée en 1757, connaît une belle réception.

Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la belle, et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui [...] cachent un coeur faux, corrompu, ingrat.

Jeanne-Marie Leprince De Beaumont,La Belle et la Bête, 1757

Postérité de l'œuvre

Jean Marais et Josette Day

Jean Marais et Josette Day

La Belle et la Bête est un film français réalisé par Jean Cocteau et René Clément, sorti en 1946. Il s'inspire de la version du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont publié en 1756. Ses deux interprètes principaux sont Josette Day (La Belle) et Jean Marais (La Bête).

Jean Cocteau s'éloigne néanmoins de la version de Mme Leprince de Beaumont en inventant  le personnage d'Avenant (joué également par Jean Marais) et en modifiant la fin du film. Il supprime en effet l'intervention de la fée après la transformation finale de La Bête en Prince. Jean Cocteau cherche à retranscrire le merveilleux des contes de fées par des effets spéciaux d'une grande simplicité qui peuvent faire penser aux films de Méliès ou aux gravures de Gustave Doré.

Le film sort à Paris le 29 octobre 1946 au cinéma Le Colisé sur les Champs-Elysées et devient progressivement un succès populaire puis un film mythique. 

Citons Jean Cocteau, dans La Belle et la Bête, journal d’un film (1958) : « Le postulat du conte exige la foi et la bonne foi de l’enfance. Je veux dire qu’il faut y croire à l’origine et admettre que cueillir une rose puisse entraîner une famille dans l’aventure, qu’un homme puisse être changé en bête et vice versa. Ces énigmes rebutent les grandes personnes, promptes à préjuger, fières du doute, armées de rire. Mais j’ai l’outrecuidance de croire que le cinématographe, qui montre l’impossible, risque de l’imposer en quelque sorte et de pouvoir mettre une singularité au pluriel. À nous […] d’éviter les invraisemblances qui choquent encore davantage dans l’invraisemblable que dans la réalité […] Ma méthode est simple : ne pas me mêler de poésie. Elle doit venir d’elle-même. »

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Jean-Denis Malclès, Jean Cocteau © Adagp, Paris 2001 / G. R. Aldo/D.R

Jean Marais et Josette Day |

Jean-Denis Malclès, Jean Cocteau © Adagp, Paris 2001 / G. R. Aldo/D.R

C’est dans l’adaptation qu’en a donnée Leprince de Beaumont que l’histoire est inlassablement reprise ensuite, illustrée d’innombrables fois et éditée sans discontinuer dans de nombreuses langues depuis plus de cent cinquante ans.

Malgré son titre, il n’y a pas grand-chose de "bestial" dans La Belle et la Bête. Dans cette histoire, tout se passe en douceur et il n’y a qu’amour et dévouement entre les trois personnages principaux : la Belle, son père et la Bête

Bruno Bettelheim, Le fiancé – animal dans les contes de fées, Psychanalyse des contes de fées, 1976

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015)

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