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L’Amant se penche au-dessus de la fontaine de Narcisse

Roman de la rose
L’Amant se penche au-dessus de la fontaine de Narcisse
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Cette image se situe au début du Roman de la rose.

Le Verger près duquel l’Amant arrive est clos d’un mur peint des repoussantes figures de Haine, Félonie et Tristesse. Sa porte ouverte par Oiseuse, il y rencontre Déduit, le maître du Verger et toutes les personnifications heureuses comme Liesse. Arrivé à une fontaine, à l’ombre d’un pin, l’Amant y découvre, gravée dans le marbre, l’inscription suivante : « Icy dessus se mourust ly biaux Narcisus. » Cette fontaine est le « miroir perilleux », où Narcisse fut pris au piège de son propre reflet (v. 1568-1575) :

« C’est li miroers perilleus
Ou Narcisus li orgueilleus
Mira sa face et ses yauz vers,
Dont il jut puis morz toz envers.
Qui enz ou mireor se mire
Ne puet avoir garant ne mire
Que tel chose a ses ieulz, ne voie
Qui d’amor l’a tout mis an voie…
»
( « C’est le miroir périlleux, dans lequel Narcisse l’orgueilleux mira son visage et ses yeux brillants : pour l’avoir fait, il tomba à la renverse et resta étendu, mort. Celui qui se regarde dans le miroir ne peut trouver de protecteur ni de médecin pour éviter à ses yeux de voir ce qui l’a mis sur les voies de l’Amour… »)

Là, l’Amant, sera pris lui aussi au piège de l’amour, en découvrant le reflet du rosier. C’est à ce moment même où se met en place le « drame » de la passion amoureuse, que naît l’écriture du Roman de la rose (v. 1585-1586 et 1592-1599)… pour raconter « la vérité de la matière » du songe :
« Car Cupido li filz Venus
Sema ici d’amors la graine,
[…]
Por la graine qui fu semee,
Fu ceste fontaine clamee
La fontaine d’amors par droit,
Dont plusor ont en maint endroit
Parlé en romanz et en livre :
Mes jamés n’orrez meus descrivre
La verité et la matiere,
Quant j’aurai espont le mistere.
»
( « Car Cupidon le fils de Vénus a semé ici la graine d’amour […]. À cause de la graine qu’on a semée, cette fontaine fut appelée à juste titre la fontaine d’amour, et plusieurs en ont parlé en maint endroit dans des romans et des livres, mais jamais vous n’entendrez mieux exposer la vérité de la matière que lorsque j’aurais explicité le mystère. »)

De la rose, l’Amant obtient une feuille puis un baiser… Poursuivi dans un sens plus encyclopédique et naturaliste par Jean de Meung, le roman s’achève par la conquête de la rose.

Ce texte très riche de sens multiples devint au début du 15e siècle l’objet de la première querelle littéraire de la littérature française. Elle opposa Christine de Pizan soutenue par Isabeau de Bavière et Gerson, le grand prédicateur du début du 15e siècle, à l’humaniste Jean de Montreuil qui défendait la satire des femmes contenue dans le Roman.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1400
  • Lieu
    France
  • Auteur(es)
    Guillaume de Lorris et jean Meung (auteurs) ; Maître de Maubeuge et Jeanne de Montbaston (enlumineurs)
  • Description technique
    Peinture sur parchemin
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, français 380, fol. 10v

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm130200162x