Les Exploits de Fantômette

En 1961, une jeune fille masquée, avec une cape noire fermée par une agrafe d’or en forme de F, vêtue d’un justaucorps jaune vif, la tête recouverte d’un bonnet se terminant par un pompon, fait son apparition dans la grande famille des héros pour enfants : la couverture nous la montre perchée sur le toit d’une maison, une nuit de pleine lune. En offrant ce personnage totalement atypique dans le paysage éditorial français du début des années 1960 aux enfants âgés de huit à douze ans (de fait, surtout des filles), Georges Chaulet (né en 1931) crée la première super-héroïne française, dont le costume est dû aux talents graphiques de Jeanne Hives. Pour elle, pas de pouvoirs surnaturels comme pour ses consœurs issues des comics américains : de Fantômette, « la mystérieuse justicière que seules ses victimes avaient pu voir [...] on ne savait pas grand-chose, sinon qu’elle semblait opérer généralement la nuit et sans aucune aide » ; elle est semblable à ses camarades de classe lorsqu’elle ne se lance pas à la poursuite d’un malfaiteur, mais son identité intrigue et les discussions vont bon train dans l’école de Boulotte, la grande Ficelle, Françoise et Isabelle. S’identifiant à ces écolières et aux autres personnages de la série (Mlle Bigoudi, l’institutrice, le journaliste œil-de-lynx, le professeur Potasse, etc.), à leur vie quotidienne ponctuée par les exploits de l’héroïne, les enfants assurent le succès des différents épisodes. Cinquante et un titres vont être publiés et en 2006, dix-neuf ans après la sortie du dernier Fantômette. l’aventurière a repris du service dans la collection « Les classiques de la rose » de la « Bibliothèque rose ». Elle a en outre été adaptée en bande dessinée, dessin animé, jouet. (C. G.-B.)