Le Français en garde

Cette estampe est le pendant de la pièce précédente.
Dans un paysage riant, avec un château fort bordé d’une rivière, un gentilhomme français, l’épée haute, le poing gauche sur la hanche, s’est mis en garde face à l’Espagnol qui se tient sur l’image opposée. Le dialogue exprimé dans la marge inférieure montre qu’il est loin de craindre son adversaire. Il porte un large feutre empanaché, un pourpoint agrémenté d’aiguillettes à la taille, une cape chamarrée, un pantalon étroit orné de nouds de ruban sous le genou, des bottes souples à revers avec un large surpied découpé en quatre-feuille. Ces accessoires de mode datent cette pièce, et par conséquent la précédente, des années 1635-1640.
On rapprochera ces deux pièces de deux autres pièces en pendant, inventées et gravées au burin par Michel Lasne, publiées par Mariette, montrant un Espagnol et un Français en opposition ; elles sont plus simples de composition et de facture, mais l’esprit en est le même. Bosse et Lasne se connaissaient bien, le second ayant gravé d’après le premier quelques sujets de genre.

Dans la marge inférieure, 12 vers sur 3 colonnes expriment les propos du Français à l’adresse de l’Espagnol : Connoissant ton humeur si poltro(n)ne et si vaine, / Je scay que tu ne peux m’approcher sans effroy ; / Quen ne daigna(n)t bransler ie te mets fort en peine, / Et qu’a ton grand regret tu parois deuant moy. // Mais, ô foible Ennemi que veux tu que je face, / Puis que ta peur me venge, est il besoin d’effort ? / Elle seule suffit à punir ton audace, / Et prend derriere toy la forme de la Mort. // Voy donc si tu pourras auacque ton espee / Empécher que so(n) dard ne soit teint de to(n) sang ; / Et ta fausse valeur se treuuera trompée, / Ou tu deuerois auoir le courage plus franc. Au-dessous, à gauche : le Blond excud auec Priuilege, et à droite : ABosse fe.