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Pavillon de l’angle de la place Napoléon III. Album Le Napoléonium. Monographie du Louvre et des Tuileries réunis, avec une notice historique et archéologique

Pavillon de l’angle de la place Napoléon III. Album Le Napoléonium. Monographie du Louvre et des Tuileries réunis, avec une notice historique et archéologique
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Si Baldus était le photographe officiel du Louvre, d’autres parmi ses confrères officiaient aussi sur le chantier, comme Le Gray et les frères Bisson par exemple. Ces derniers préféraient travailler pour les architectes plutôt que pour une clientèle d’amateurs. Les architectes avaient en effet répondu favorablement à la prédiction de Francis Wey, dans La Lumière, faisant de l’architecture le domaine d’élection de la photographie et s’étaient mis à engager des photographes.
Mais le mouvement s’est amorcé bien avant. Dans les années 1840, le comité des Arts et Monuments au ministère de l’Instruction publique a déjà remarqué les daguerréotypes de Louis-Auguste Bisson. En 1853, les frères Bisson entreprennent donc une publication en collaboration avec les architectes Lassus et Viollet-le-Duc, la Monographie de Notre-Dame-de-Paris, qui sera achevée en 1857 et pour laquelle ils fourniront douze photographies, la plupart prises en 1853 et 1854. Leur projet colossal de Reproductions photographiques des plus beaux types d’architecture et de sculpture d’après les monuments les plus remarquables de l’Antiquité, du Moyen Âge et de la Renaissance est placé sous le patronage des architectes Duban, Gisors, Labrouste, Lassus, Lefuel, Vaudoyer, Viollet-le-Duc, etc., les architectes des grands chantiers de Napoléon III. Les frères se distinguent par des photographies monumentales, comme le panorama en trois clichés de l’intérieur du Louvre qu’ils présentent en juin 1854 dans les salons de l’Académie des sciences. Le compte rendu de l’exposition dans La Lumière compare cette photographie à la vue des arènes de Nîmes par Baldus : cette association constante des noms de Baldus et des Bisson va de soi pour la critique. Au-delà de la monumentalité qui leur est commune, on préfère l’un ou l’autre selon que l’on aime un cadrage austère mais une douce lumière mettant en valeur les détails ornementaux, ou bien un cadrage plus ample privilégiant la façade et l’articulation à l’environnement plutôt que la décoration (un aspect « paré », selon certains).
Cette fois, pour la commande du Napoléonium, ils travaillèrent pour le Moniteur des architectes. La monographie, qui parut un an avant la suite monumentale de Baldus, donnait à petite échelle, en une suite de planches gravées, les façades dans leur ensemble, leurs grands détails, leur décoration et les plans au sol. Les deux vues des frères Bisson montraient l’ajout de Napoléon III, les pavillons Mollien et Richelieu.
Le texte sur l’histoire du bâtiment était dû à l’archéologue Adolphe Berty, qui avait pris là le relais de Celtibère, mais le titre Napoléonium était de l’invention de ce dernier. On ne pouvait comparer le colossal chantier de la réunion du Louvre aux Tuileries qu’à ceux de l’Égypte pharaonique, où il était de tradition de donner au monument le nom de celui des souverains qui l’avait achevé. À ceux qui s’offusquaient que l’on oubliât ainsi les noms de tous les rois attachés à ces palais, François Ier, Henri IV et Louis XIV, Celtibère répliquait que ce dernier monarque les avait abandonnés pour Versailles, laissant le monument à la ruine ; c’étaient les Napoléon, l’oncle et le neveu, qui en avaient assuré la renaissance.
M.-C. S.-G.

© Biliothèque nationale de France

  • Date
    1856
  • Auteur(es)
    Bisson frères : Louis-Auguste (1814-1876) et Auguste-Rosalie (1826-1900)
  • Description technique
    Album Le Napoléonium. Monographie du Louvre et des Tuileries réunis, avec une notice historique et archéologique
    [Adolphe Berty] Paris, A. Grim, 1856, [2] f. - III - 36 p. - [52] f. de pl.
    Extrait du Moniteur des architectes
    Pl. gravées numérotées de 1 à 64 dans la table (les pl. doubles portent une suite de numéros), dont 2 photographies par Bisson (au lieu des 4 annoncées dans la table) : épreuves sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion, 36 x 25 cm environ.
    Demi-reliure à coins en maroquin prune, dos frappé au chiffre de Napoléon III couronné.
  • Provenance

    Cachet "Bibliothèque de la couronne de Fontainebleau".
    Attribution de la bibliothèque du Louvre à la bibliothèque du palais de Fontainebleau (27 novembre 1858 ; R. I. 114) ; ancien L 281/2. Dépôt du château de Fontainebleau, Fb 11669

  • Lien permanent
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