Catalogue des manuscrits grecs de la bibliothèque du cardinal Bessarion

Théologien formé à Constantinople et à Mistra, la capitale du despotat de Morée, Jean Bessarion fait partie de la délégation grecque au concile de Ferrare-Florence comme métropolite de Nicée. Son engagement en faveur de l’union des Églises grecque et romaine, proclamée à Florence en 1439, lui vaut la reconnaissance du pape et sa nomination comme cardinal de l’Église romaine. Face aux dangers grandissants que court l’Empire byzantin, qui finit par tomber en 1453 avec la prise de Constantinople par Mehmet II, Bessarion déploie une intense activité diplomatique et culturelle : sa collection de manuscrits grecs, qu’il enrichit sans cesse en mobilisant un réseau d’agents, le plus souvent grecs, qui achètent ou copient pour lui des manuscrits dans les anciens territoires byzantins ou en Italie, est au coeur de son action. Ces livres, écrit-il peu après 1453, ne sont non pas tant destinés à lui-même, mais plutôt aux Grecs futurs pour qu’ils puissent un jour retrouver et diffuser à leur tour la voix des sages de l’Antiquité sans laquelle ils ne seront rien d’autre que des barbares et des esclaves.

En 1468, le cardinal Bessarion, légue à la république de Venise sa très considérable et très prestigieuse collection de livres, dans le désir qu’ils soient mis « au service commun tant des Grecs que des Latins ». La bibliothèque ainsi créée, noyau de l’actuelle Biblioteca Marciana, devait être installée près de la basilique Saint-Marc et être ouverte « à tous ceux qui souhaiteraient y accéder et venir y lire et étudier ». Dans cette liste établie l'année après le don, on trouve Archimède, Eschyle, Dioscoride, Diodore de Sicile, Galien, Hésiode, Hippocrate, Homère, Hérodote, Ptolémée et Platon mais aussi de nombreux auteurs moins connus ou anonymes et des manuscrits religieux chrétiens.