Corto Maltese

Cette impressionnante composition de Hugo Pratt, signée de 1976, réutilisée pour une affiche non datée, rend bien l’atmosphère d’aventure, d’exotisme et de mystère qui entoure un des personnages symboles de l’évolution de la bande dessinée dans les années 1970 : du registre de l’enfance à celui de l’âge adulte. Pratt (1927- 1995), un Italien qui, après une enfance en Éthiopie, a vécu à Venise et à Londres en passant par un long séjour en Argentine, est dessinateur de fiumetti depuis 1945 ; il a une œuvre déjà riche et plusieurs chefs-d’œuvre à son actif lorsqu’il crée le personnage de Corto en 1967. C’est une revue italienne spécialisée dans l’aventure, Sgt. Kirk (du nom d’une de ses bandes), qui publie La Ballade de la mer salée, une histoire de mystérieux pirates du Pacifique englués dans la Première Guerre mondiale. Corto, héros « gentilhomme de fortune », emmène le lecteur sur les traces de Stevenson, Conrad ou Melville. Personnage égocentrique, peu moral, violent, il est aussi romantique et chevaleresque, secourant les orphelines et punissant les criminels. C’est l’équipe de Pif gadget qui demande à Pratt des histoires originales de ce personnage et les fait paraître en 1970 dans le format des récits complets caractéristique du journal. Le Secret de Tristan Bantam, première apparition française, est par la suite compilé en volumes chez Publicness puis chez Casterman, où il devient le symbole de la nouvelle BD d’auteur en noir et blanc qui se développe dans le journal À suivre. L’affiche illustre également le talent de Pratt pour l’aquarelle et la couleur, facette inattendue pour les premiers admirateurs de ce maître du noir et blanc. (O. P.)