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Les dernières paroles de Rousseau

Les dernières paroles de Rousseau
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Rousseau meurt auprès de Thérèse Levasseur, sa femme, avec qui il a eu cinq enfants. Il rencontre la jeune lingère durant l’hiver 1744-1745 et évoque cette rencontre à la fin du livre VII des Confessions : « Nous avions une nouvelle hôtesse qui était d’Orléans. Elle prit pour travailler en linge une fille de son pays, d’environ vingt-deux à vingt-trois ans, qui mangeait avec nous ainsi que l’hôtesse. Cette fille, appelée Thérèse Le Vasseur était de bonne famille ; son père était officier de la Monnaie d’Orléans ; sa mère était marchande. »

La relation devient rapidement plus intime : « Je n’avais cherché d’abord qu’à me donner un amusement. Je vis que j’avais plus fait, et que je m’étais donné une compagne. Un peu d’habitude avec cette excellente fille, un peu de réflexion sur ma situation, me firent sentir qu’en ne songeant qu’à mes plaisirs, j’avais beaucoup fait pour mon bonheur. Il me fallait à la place de l’ambition éteinte un sentiment vif qui remplît mon cœur. Il fallait, pour tout dire, un successeur à Maman : puisque je ne devais plus vivre avec elle, il me fallait quelqu’un qui vécût avec son élève, et en qui je trouvasse la simplicité, la docilité de cœur qu’elle avait trouvée en moi. Il fallait que la douceur de la vie privée et domestique me dédommageât du sort brillant auquel je renonçais. Quand j’étais absolument seul, mon cœur était vide ; mais il n’en fallait qu’un pour le remplir. Le sort m’avait ôté, m’avait aliéné, du moins en partie, celui pour lequel la nature m’avait fait. Dès lors j’étais seul ; car il n’y eut jamais pour moi d’intermédiaire entre tout et rien. Je trouvai dans Thérèse le supplément dont j’avais besoin ; par elle je vécus heureux autant que je pouvais l’être selon le cours des événements. » (Les Confessions, Livre VII)

Rousseau ne cache pas l’absence de culture de Thérèse et ses difficultés intellectuelles : « Je voulus d’abord former son esprit. J’y perdis ma peine. Son esprit est ce que l’a fait la nature ; la culture et les soins n’y prennent pas. Je ne rougis point d’avouer qu’elle n’a jamais bien su lire, quoiqu’elle écrive passablement. » ou encore « Elle n’a jamais pu suivre l’ordre des douze mois de l’année, et ne connaît pas un seul chiffre. »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1783
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Jean-Michel Moreau, dit Moreau le Jeune (1741-1814), dessinateur ; Heinrich Guttenberg (1749-1818), graveur
  • Description technique
    Estampe sur papier d'après une gravure sur cuivre à l'eau-forte et au burin, 23,5 x 33,8 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE FOL-QB-201 (109)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132201261g