Lancelot prisonnier de Morgane

De nouveau, Morgane a capturé Lancelot, qu’elle retient prisonnier un été et deux hivers durant. Il se réconforte en peignant sur les murs de sa chambre des scènes évoquant sa vie et ses amours avec Guenièvre. Des fresques que Morgane montrera plus tard au roi Arthur pour confondre la reine et révéler ses amours adultères. Mais en ce jour de printemps, Lancelot aperçoit, par la fenêtre de sa cellule, une rose fraîchement éclose, plus belle que toutes les autres, qui lui rappelle irrésistiblement la reine Guenièvre. Le souvenir est si prégnant que Lancelot trouve la force de briser ses barreaux pour cueillir la rose. C’est ainsi qu’il parvient à s’évader.

Morgane a installé son prisonnier Lancelot dans un corps de bâtiment donnant sur un jardin intérieur. Les descriptions littéraires tout comme les enluminures témoignent de l’existence de ces jardinets d’agrément enserrés entre les murailles des forteresses à proximité du logis des seigneurs. Le printemps a fleuri l’enclos et un jour, Lancelot regarde par la fenêtre et « voit une rose nouvellement épanouie qui était bien deux fois plus belle que les autres ». Il tend désespérément la main entre les barreaux pour cueillir cette rose qui lui rappelle irrésistiblement la reine, mais la fleur est trop éloignée. Le peintre illustre le geste dérisoire du prisonnier, le bras vainement tendu vers le rosier planté sur une banquette de verdure longeant le mur d’enceinte. La rose, symbole de la femme aimée et désirée que l’amant ne peut atteindre annonce déjà le thème du Roman de la Rose. Le peintre a insisté sur la notion de vide et d’espace car c’est la prise de conscience de la distance qui, aiguillonnée par la puissance du désir, va donner à Lancelot l’idée et la force de desceller les barreaux de sa geôle pour recouvrer la liberté.