Construction d’une porte de la ville de Mantoue

Lorenzo Costa fit son apprentissage à Mantoue dans l’atelier de son père et comme lui bénéficia du mécénat de la famille des Gonzague à Mantoue. Il apparaît comme la figure centrale de la culture mantouane à l’époque de Guillaume de Gonzague (1550-1587). Il exécuta des décorations pour le Palais Ducal, résidence des Gonzague, une série d’édifices construits à partir du 13^e siècle. Il orna, selon le désir du duc, la salle des Poissons ou de Neptune dans la Rustica, l’appartement d’été, la salle des Fruits, la salle du Zodiaque, et la salle de Manto où les scènes retracent la fondation de la ville. Bianore et Auncno, fondateurs de Mantoue, donnèrent à la cité le nom de leur mère. Cette salle était destinée à des fêtes. C’est au poète Virgile qui naquit près de Mantoue que l’on doit la première évocation de la fondation de la ville dans les Bucoliques (37 avant J.-C.). Dante attribue la fondation de la ville à la prophétesse Manto dans l’Enfer.
C’est ce thème légendaire qui est traité pour la première fois par Costa, sur les murs de la salle de Manto, près de la cour neuve du Palais Ducal. La fresque date de 1576-1579 environ.
Bien que peu de dessins soient attribués à l’artiste, trois études préparatoires pour les fresques de cette salle sont conservées, deux au musée des Offices, l’Arrivée de Manto et la Construction du mur d’enceinte de la ville, et celle-ci, la Construction d’une porte de la ville de Mantoue, qui ne fut pas retenue. Elles sont d’autant plus précieuses que l’état de conservation de la fresque ne permet pas d’apprécier le style élégant de Costa.
Dans ce dessin dont une partie est achevée au lavis et une autre esquissée à la pierre noire, la composition à la fois sobre et originale est construite sur trois plans, avec un jeu de diagonales, d’horizontales et de verticales. Au premier plan, un empereur couronné, assis, accompagné de sa suite et de ses gardes, une truelle dans la main, désigne d’un geste un ouvrier au second plan qui gravit une échelle pour rejoindre des maçons au travail sur un échafaudage. La lumière vient de la droite projetant l’ombre des personnages sur le sol. Au troisième plan, le mur en construction, dans lequel l’ouverture d’une porte en plein cintre, qui prolonge la perspective lumineuse, oriente le regard du spectateur par-delà l’enceinte.