Cléopâtre, Scène lyrique

Dans les Mémoires, Berlioz indique que le sujet de la cantate de 1829 était « celui de Cléopâtre après la bataille d'Actium. La reine d'Égypte se faisait mordre par l'aspic, et mourait dans les convulsions. [...] elle adressait aux ombres des Pharaons une invocation pleine d'une religieuse terreur  ; leur demandant si, elle, reine dissolue et criminelle, pourrait être admise dans un des tombeaux géants élevés aux mânes des souverains illustres par la gloire et par la vertu. Il y avait là une idée grandiose à exprimer. » (Mémoires, XXV). Cette troisième cantate pour le prix de Rome aurait dû valoir à son auteur le grand prix : l'année précédente, Herminie lui avait valu le second ; l'usage voulait que le premier lui soit ensuite attribué. Or, 1829 fut une année sans premier grand prix : « l'idée grandiose » que Berlioz avait voulu exprimer se traduisit par la « Méditation » de Cléopâtre, « un morceau [...] d'un grand caractère, d'un rythme saisissant par son étrangeté même, dont les enchaînements enharmoniques me semblent avoir une sonorité solennelle et funèbre, et dont la mélodie se déroule d'une façon dramatique dans son lent et continuel crescendo ». Le morceau, dont Berlioz faisait grand cas, et qu'il réutilisa, entre autres, dans le deuxième mouvement du Retour à la vie (Chœur d'ombres irritées), déplut fortement, pour ses accents visionnaires, au jury académique du prix de Rome : « Le jury aima mieux ne point décerner de premier prix cette année-là, que d'encourager par son suffrage un jeune compositeur chez qui se décelaient des tendances pareilles. » Le premier grand prix fut attribué l'année suivante à Berlioz pour sa cantate Sardanapale.