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La Mort du roi Arthur

Retour de Bohort l’Essillié à Camelot où il raconte la quête du Graal au roi et Arthur interroge Gauvain sur les crimes qu’il a commis
La Mort du roi Arthur
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De retour à la cour, Bohort raconte au roi la mort de Galaad et Perceval, puis les scribes d’Arthur mettent par écrit les récits des chevaliers partis en quête du Graal. Interrogé par le roi, Gauvain reconnaît sa responsabilité dans la mort d’un grand nombre de chevaliers de la Table Ronde, ce qu’il attribue à la malchance ou « mescheance ».

« Quand Bohort fut arrivé à la cour dans la cité de Camelot, il se vit accueilli avec grande joie car tous et toutes souhaitaient le voir et quand il eut raconté le trépas de Galaad et la mort de Perceval, les gens de la cour en furent très peinés, mais ils se consolèrent pourtant du mieux qu’ils purent. Le roi Arthur fit alors mettre par écrit toutes les aventures que les compagnons de la quête du saint graal avaient racontées. Après avoir fait cela, il dit : “Seigneurs, regardez autour de vous combien de compagnons nous avons perdu en cette quête.” Ils regardèrent aussitôt, comptèrent leurs compagnons et trouvèrent qu’il leur en manquait vingt-deux, lesquels étaient tous morts par les armes. Le roi Arthur, qui avait entendu dire que messire Gauvain en avait occis plusieurs, le fit venir devant lui et lui dit : “Gauvain, mon beau neveu, je vous conjure, sur le serment que vous m’avez prêté quand je vous ai fait chevalier, de répondre à mes questions. – Sire, répondit messire Gauvain, vous m’avez tant prié que je ne pourrais en aucune manière refuser de le faire, pourtant ce fut la plus grande honte de ma vie, la pire qu’ait pu connaître nul autre chevalier. – Je vous demande alors, dit le roi Arthur, combien de chevaliers vous avez occis de votre main au cours de cette quête.” Messire Gauvain réfléchit un peu et répondit : “Sire, vous voulez avoir la certitude de ma grande malchance, et je vous l’exposerai car je vois bien que je dois le faire. Je vous jure en vérité que j’en ai bien occis dix-huit, non pas parce que je fus meilleur chevalier qu’aucun d’entre eux, mais parce que mon infortune fut telle que je fus plus malchanceux qu’eux. Ce fut bien dommage car il y avait parmi eux beaucoup de bons chevaliers, et sachez que ce ne fut pas l’œuvre de ma prouesse mais celle de mon péché.” »

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Roman du 13e siècle, manuscrit copié par l’atelier d’Evrard d’Espingues, vers 1470
  • Lieu
    Ahun
  • Provenance

    BnF, Manuscrits, Français 116 fol. 678

  • Lien permanent
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