Album illustré de vingt peintures d’arhat

Les albums de peintures, de cartes ou d’estampages adoptent plusieurs formats spécifiques, soit la reliure en codex, soit celle en accordéon protégée entre deux ais de bois poli et dur. Elle ne requiert aucune couture puisque les pages de garde, souvent ornées de papiers aux couleurs pastel sablées d’or, collées aux revers des ais de bois servent de charnière. Contrairement à la plupart des livres traditionnels, si remarquables par leur souplesse et leur légèreté, ces albums de collectionneurs sont des objets lourds et délicats à manier ; les bois sombres, polis avec soin, ne sont que très rarement recouverts et jamais peints ; les titres sont gravés en creux sur des planches lisses, généralement incrustées de jade, de pierre précieuse ou d’émail ; les feuillets, de peinture ou de calligraphie exécutées sur un papier très fin, sont contrecollés sur un cartonnage et encadrés de soies de couleur pastel à motifs tissés ; les bois et les textiles de montage sont d’un luxe variable. Cet album est un spécimen de format moyen.

Les feuilles putiye, proviennent de l’arbre de la connaissance (Ficus religiosa L.), arbre sacré du bouddhisme qui était cultivé dans les cours des temples, puisque c’est à l’ombre de son feuillage que le Bouddha historique aurait connu l’éveil. C’est donc naturellement que cette végétation sacrée a été employée pour peindre les séries des grands saints du bouddhisme, les arhat représentés ici en groupes. Cette utilisation à des fins picturales remonte au moins à la fin des Ming. L’étiquette de cet album mentionne qu’il était conservé au Tihongguan de la ville de Suzhou, désignée sous son nom ancien de Wujun ; il est constitué de vingt peintures sur feuilles collées toujours sur fond bleu, en vis-à-vis d’un texte calligraphié à l’encre d’or, un peu estompé par endroits, qui ne court que sur dix-huit des vingt planches.