Dictionnaire de rimes

La poésie chinoise, art majeur au même titre que la calligraphie et la peinture, est régie par une prosodie stricte et un système de rimes réglementé dès le premier siècle de notre ère. C'est pour répondre aux besoins des poètes qui ne se satisfaisaient pas des dictionnaires classés selon la graphie des caractères comme le Shuowen jiezi de Xu Shen (ler siècle de notre ère) que furent compilés des dictionnaires ordonnant les caractères suivant leur prononciation. Le plus ancien de ce type, le Qieyun fut rédigé dès 601 de notre ère par Lu Fayan, remanié une première fois au 8^e siècle, il fut révisé et augmenté sur ordre de l'empereur Song Zhenzong en 1011, devenant alors le Guangyun. Les cinq tons mélodiques déterminent les cinq chapitres, et les 29 194 caractères répertoriés sont classés selon 206 rimes différentes. Pour chaque caractère les variantes graphiques sont données ainsi que les synonymes et les différentes prononciations attestées. Une brève définition du sens est suivie de nombreuses citations choisies parmi les textes anciens. Les explications et les citations totalisent 191 692 caractères. Deux éditions Song en sont actuellement conservées : l'une fut gravée à Hangzhou ou dans sa région au début du 12^e siècle, la seconde, suivant de très près la première à la fois par le style des caractères, mais aussi par la mise en page qu'elle reproduit fidèlement a pu être gravée dans la même région un siècle plus tard environ. C'est cette gravure qui a servi de base au fac-similé exécuté par Zhang Shijun, préfacé en 1704 par Zhu Yizun (1629-1709) brillant poète, bibliographe et bibliophile. D'un format légèrement inférieur à son modèle, mais très voisin de celui de la gravure du 12^e siècle, il est fidèle au point d'en reproduire le nom des graveurs qui figurent à la pliure des feuillets.