La Croisière blanche ou l’Expédition Moko-Moka-Kokola

Cet album est représentatif de l’activité créatrice foisonnante de la maison Tolmer durant les années 1920 à 1930. Sur les bords d’un fleuve, dans le centre de l’Afrique, trois petits enfants noirs répondant aux noms de Moko, Moka et Kokola vivaient heureux. Enfin, presque, car « le soir venu, ils s’ennuyaient dans leur maison car le silence était grand ». Comme ils rêvent de parcourir le monde, ils construisent une pirogue de fortune et partent à l’aventure. Sauvés par un aéroplane alors qu’un crocodile menaçait de les dévorer pour son déjeuner, ils survolent le mont Blanc, se retrouvent sur les pistes de ski, gagnent les championnats et c’est le début de la gloire. Après avoir traversé l’Atlantique à bord d’un luxueux paquebot, ils créent un jazz-band dans une ville qui pourrait être New York et s’amusent. Mais lorsqu’ils apprennent par la TSF que leurs parents s’ennuient sans eux, lassés du bruit et de l’agitation, ils retournent au pays en rapportant un gramophone et des disques — « et le soir, quand dans le grand silence tropical ils s’ennuyaient trop, ils écoutaient la musique de la civilisation ». Le dessinateur et graveur Jack Roberts (né en 1894) s’est manifestement inspiré de la Croisière noire (1924-1925) et de la Revue nègre pour la trame narrative de son album. Sur un texte calligraphié, les pages alternent sur des fonds roses ou bleus, dans lesquelles s’insèrent les silhouettes des enfants découpées dans des couleurs vives, noires, rouges, roses, vertes, conférant à ce livre à système un charme indéniable. (C. G.-B.)