Les courtisanes Tamatsuru (à droite) et Miyamagi (à gauche), de la maison Chôji-ya, jouant du shamisen

Pionnier des estampes polychromes (nishiki-e), Harunobu fut également l’auteur d’une vingtaine de livres illustrés en monochromie noire. Seul ce livre, paru en 1770 – année de sa disparition –, fut illustré en polychromie. Exclusivement consacré aux portraits de courtisanes, il s’agit également de l’un des premiers livres illustrés en couleurs.
À l’origine publié en cinq volumes, cet exemplaire, qui fut par la suite réuni en un seul par une main inconnue, porte un titre manuscrit : Beautés du Yoshiwara (Yoshiwara bijin awase). Mais il en existe d’autres exemplaires, qui portent une ou plusieurs étiquettes de titre imprimé : Album illustré de beautés des maisons vertes (Ehon seirô bijin awase). C’est sous ce titre que l’ouvrage est généralement cité.

L’ouvrage, conçu par le poète de haikai Kasaya Saren, est divisé selon les cinq « thèmes de vue » (keibutsu) saisonniers propres à la tradition poétique de haikai : la fleur de cerisier, le coucou, la lune, l’érable rouge et la neige. Cent soixante-six portraits de courtisanes figurent dans cet ouvrage magnifiquement illustré par Harunobu, évoquant leurs mœurs et coutumes. Sur chaque page, le portrait d’une courtisane est accompagné, en marge, de son nom et du nom de la maison verte à laquelle elle appartient ainsi que d’un poème de haikai qu’elle a composé sur un « thème de vue » qui lui a été attribué. Ici, la double page met en image deux courtisanes de la maison Chôji-ya jouant du shamisen : Tamatsuru (à droite) et Miyamagi (à gauche), avec leur poème de haikai, composé sur le thème du coucou, se référant à l’été, auquel est consacré le deuxième volume de cet ouvrage. (K. K.)