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Les Cinq Sens : La Vue

Les Cinq Sens : La Vue
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Un grotesque portant de grosses lunettes nous annonce en ouvrant une bouche immense le sujet de la gravure.
Descartes a écrit que “la vue est de tous les sens le plus universel et le plus noble”. Pourtant, en voyant cette scène, ne sommes-nous pas amusés par l’excès de coquetterie de la jeune femme qui se regarde dans un miroir ? Image récurrente de la vanité, qui renvoie, inexorablement, à l’aspect éphémère des choses de ce monde. La servante ajuste le col de la robe de sa maîtresse tout en admirant le reflet que lui présente le miroir, reflet d’elle-même, bien sûr, mais aussi celui de la jeune femme qu’elle est en train d’aider à sa toilette. Ainsi cette illustration de premier plan nous propose-t-elle une iconographie qui pourrait, en quelque sorte, se lire à l’infini.
Un jeune garçon, en arrière-plan, scrute le ciel avec une longue vue. Sa présence est une référence à l’enthousiasme des intellectuels de l’époque pour l’astronomie. Cet engouement est lié en particulier aux découvertes de Galilée, qui, en 1609, présente la première lunette astronomique et, un an plus tard, publie certaines de ses découvertes dans Le Messager céleste, en particulier celles concernant la voie lactée et la lune. Très proches de Galilée, Pierre Gassendi et Peiresc commencèrent à élaborer un atlas de la lune. Les premières planches pour ce projet sont gravées en 1637 par Claude Mellan. Bosse se fait manifestement l’écho de l’intérêt de ses contemporains pour cette science.
La série Les Cinq Sens compte véritablement parmi les plus célèbres gravées par Bosse. Dès le 17e siècle, elle fut manifestement très populaire, si l’on en croit le nombre important d’œuvres gravées ou peintes, dès le milieu du siècle, d’après ces estampes. Plusieurs versions peintes au 17e siècle d’après cette estampe sont aujourd’hui répertoriées.


Les Cinq Sens sont un thème iconographique courant depuis l’Antiquité, mais, si les artistes ont généralement représenté ce sujet dans des compositions allégoriques ou mythologiques, Bosse ne suit pas cette tradition. Dans des scènes de la vie quotidienne, il semble nous offrir une sorte de palette des plaisirs terrestres que l’on sait inévitablement fugitifs. Leur savoureuse représentation appelle de façon criante à se laisser aller sans remords au carpe diem. Le sujet de chacune des cinq estampes est annoncé dans un cartel anthropomorphe.

Dans des espaces réservés au bas de l’estampe, à gauche 4 vers latins : Quod mens est animo quod Sol clarissimus orbi, / Est mea ceruici cara pupilla tuæ / Qui cupit humanæ simulacrum cernere mentis, / Virtutum videat me scelerumque ducem ; au-dessous : ABosse jn. et fe. F.L.D. Ciartres excu Cum Privilegio Regis ; et à droite 4 vers français : Jl n’est rien de pareil sur la terre ou sur l’onde / Aux charmes que la Veue a dans ses facultez ; / Puis que c’est par les yeux qu’on voit tant de beautez, / Et que l’Astre du iour est loil de tout le monde ; au-dessous : A Paris, Chez Mel. or Tauernier demeurant en l’Isle du Palais, à la Sphere. Au centre, dans un cartouche : VISUS / LA VEVE. ; en bas, sous la bordure : A Paris, chez François L’Anglois Dit Chartres rue St Jacques aux Colonnes d’hercule contre le Lyon d’Argent.
Dans une bordure de rinceaux et fleurs stylisées.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1638 
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Abraham Bosse (1604-1676), graveur
  • Description technique
    Eau-forte, 212 x 302 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, RESERVE QB-201 (30)-FOL

  • Lien permanent
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