Lancelot-Graal (Queste, Mort Artu)

L’ensemble formé par les manuscrits BnF, fr. 1422-1424 a été illustré par un peintre unique, que l’on retrouve dans le cercle des artistes ayant illustré le célèbre Roman d’Alexandre en vers copié, vraisemblablement à Tournai, par Jean de Bruges en 1340 et illustré par Jean de Grise en 1344 (Oxford, Bodl., ms. 264). On reconnaît également un style très proche dans le pontifical de Gui III de Boulogne, conservé à Wrocław (BU, I F 380), ainsi que dans une charte de la Ville de Bruges datée de 1328 (La Haye, KB, 75 D 7, f. 3 v^o) et dans la Chronique d’Ernoul et de Bernard le Trésorier (Bruxelles, KBR, ms. 11140). Notre peintre se retrouve dans un antiphonaire fragmentaire découpé par les soins de John Ruskin et aujourd’hui dispersé, et dans le Roman de la rose de Gui de Mori (Tournai, BV, 101, copié en 1330).

De manière exceptionnelle pour le début du 14^e siècle, l’illustration se limite à des initiales historiées, sauf, comme ici, pour les ouvertures de grandes parties du cycle. La miniature d’ouverture de la Mort Artu est à double sens : il s’agit soit du roi Arthur faisant mettre les récits des chevaliers par écrit, soit du roi Henri II demandant à Gautier Map de continuer le récit de la Queste et de raconter la Mort Artu, conformément aux premiers mots du texte. Une initiale historiée montre ensuite les barons accusant la reine Guenièvre d’adultère. Les miniatures et les initiales sont accompagnées d’antennes souples à motifs variés. Ici, un hybride mitré tient un objet (un piège ? ) et bénit un lièvre qui se tient debout devant lui – peut-être une allusion au piège qui attend la reine.