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Adolphe et Ellénore à genoux

Adolphe
Adolphe et Ellénore à genoux
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« C’était une de ces journées d’hiver où le soleil semble éclairer tristement la campagne grisâtre, comme s’il regardait en pitié la terre qu’il a cessé de réchauffer. Ellénore me proposa de sortir. – Il fait bien froid, lui dis-je. – N’importe, je voudrais me promener avec vous. Elle prit mon bras ; nous marchâmes longtemps sans rien dire ; elle avançait avec peine, et se penchait sur moi presque tout entière. – Arrêtons-nous un instant. – Non, me répondit-elle, j’ai du plaisir à me sentir encore soutenue par vous. Nous retombâmes dans le silence. Le ciel était serein ; mais les arbres étaient sans feuilles ; aucun souffle n’agitait l’air, aucun oiseau ne le traversait : tout était immobile, et le seul bruit qui se fît entendre était celui de l’herbe glacée qui se brisait sous nos pas. – Comme tout est calme ! me dit Ellénore ; comme la nature se résigne ! le cœur aussi ne doit-il pas apprendre à se résigner ? Elle s’assit sur une pierre ; tout à coup elle se mit à genoux, et baissant la tête, elle l’appuya sur ses deux mains. »

Benjamin Constant, Adolphe, chap X.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Michel Lévy frères, 1867

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1913
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Benjamin Constant (1767-1830), auteur ; Serge de Solomko, illustrateur ; François Ferroud, éditeur
  • Provenance

    BnF, département Littérature et Art, 8-Y2-60712

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132202342r