La Sainte Trinité et les symboles du tétramorphe

Le manuscrit de Bruxelles (KBR, ms. 9026) est la partie d’été d’un bréviaire en deux volumes réalisé pour le duc de Bourgogne Philippe le Bon. La partie d’hiver est également conservée à la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles (KBR, ms. 9511). La pars aestivalis va de la Pentecôte à l’Avent. Le psautier, le commun des saints et le calendrier sont répétés dans chaque volume du bréviaire. Selon la liturgie et les mentions du calendrier, les textes suivent l’usage de Paris, ce qui a amené certains auteurs à supposer que le manuscrit fut copié d’après un modèle exécuté dans cette ville.
Philippe le Bon, vêtu de noir et portant le collier de la Toison d’or, apparaît dans le manuscrit de Bruxelles (KBR, ms. 9026) au fol. 258, avec son épouse Isabelle de Portugal, en prière devant le Saint Sacrement. Le couple est également représenté agenouillé devant la Vraie Croix au fol. 425. Ils sont accompagnés de courtisans dont le premier, situé derrière le duc, porte le collier de la Toison d’or. Il doit donc s’agir du jeune Charles le Téméraire. Absents de l’inventaire de la librairie ducale réalisé après le décès de Philippe le Bon en 1467, les deux volumes apparaissent dans celui de 1487 puis disparaissent de nouveau des inventaires de la librairie. Ils continuent cependant d’y être conservés puisqu’en 1794, ils sont emportés à Paris par les agents français du gouvernement républicain.
L’illustration du volume peut être attribuée à Willem Vrelant, qui participa également à la réalisation de la partie d’hiver avec Jean Le Tavernier. La partie d’été du bréviaire est ornée de dix-huit miniatures et de huit initiales historiées. Dans la miniature frontispice à mi-page (fol. 1), Dieu apparaît de face assis sur un trône imposant cantonné de deux anges en prière. Il tient devant lui son fils attaché à la croix dont la base repose sur l’orbe terrestre. La colombe du Saint-Esprit est posée sur la traverse de bois. La scène, dont l’arrière-plan montre un ciel bleu parsemé d’étoiles d’or, est placée dans un médaillon de nuages stylisés, entouré des symboles des quatre évangélistes, le lion pour Marc, le bœuf pour Luc, l’ange pour Matthieu et l’aigle pour Jean. Vrelant fait montre dans cette miniature de toutes ses qualités picturales, notamment dans le modelé du drapé rosé et vert du manteau de Dieu le Père, dont les ombres sont modelées de fines hachures bien maîtrisées de couleur plus foncée et les hautes lumières de hachures d’or. L’utilisation de couleurs franches et vives, accentuées d’or mat ou d’or bruni, met en évidence la préciosité de la décoration. Les décorations marginales, exécutées avec un très grand soin, sont également omniprésentes dans ce manuscrit, autour des miniatures ou partant des nombreuses initiales décorées qui émaillent le texte. La présence d’or et de couleur sur chaque page accentue le luxe visuel du manuscrit.
La réalisation des miniatures peut être située après 1453, date de l’adoption comme emblème par le duc des deux E affrontés qui apparaissent sur le pavillon du duc au fol. 398 de la partie d’hiver du bréviaire. Cependant, les costumes, notamment ceux portés par la duchesse et ses suivantes aux fol. 258 et 425, semblent indiquer une date plus tardive, vers 1460.