Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Devant la bourse d’Amsterdam : la boutique des libraires François l’Honoré et Jacques Desbordes

Extrait de : Jean-Pierre Ricart, Les loix et coutumes du change des principales places de l’Europe
Devant la bourse d’Amsterdam : la boutique des libraires François l’Honoré et Jacques Desbordes
Le format de l'image est incompatible

La Hollande devint au 17e siècle, en son âge d’or, le plus grand centre européen d’édition et de commerce du livre interdit : ses libraires, souvent des réfugiés français, fournissaient des livres jusqu’à Moscou et Saint-Pétersbourg. Voltaire songea très tôt à publier dans ce pays de libre expression et sollicita le grand graveur Picard pour La Henriade, proposition qui ne put aboutir. Le libraire Jacques Desbordes, dont on voit ici la boutique, publia plusieurs de ses œuvres : il donna une Ligue en 1724 puis s’associa à Ledet pour publier, en 1738, les Éléments de la philosophie de Newton. Malgré la rupture entre Voltaire et Ledet qu’entraîna cette parution, ce dernier édita encore le Poème sur la destruction de Lisbonne en 1756.
Voltaire entretint tout au long de sa vie avec les libraires hollandais des relations souvent complexes et conflictuelles car, jouant lui-même de tous les artifices de la librairie clandestine, il les accusait sans cesse de mutiler ses œuvres. Mais il ne pouvait négliger leur rôle d’entrepôt intellectuel de l’Europe : Néaulme, éditeur favori de Frédéric, tenait boutique à Berlin comme à La Haye. Henri du Sauzet, libraire d’Amsterdam, donna une première édition incomplète de l’Essai sur l’histoire du siècle de Louis XIV, en 1739, ce qui lui valut d’être qualifié de « doublement fripon » (lettre à Cideville du 25 avril 1740). Nouvelle protestation de Voltaire auprès du directeur de la Gazette d’Amsterdam le 28 décembre 1755 contre la réimpression hollandaise de l’Histoire de la guerre de 1747 : il « avertit que cet ouvrage n’est pas le sien ». Sans trêve, il fustigeait ces « coquins de libraires d’Amsterdam », des « fripons à pendre » (à Frédéric le 25 janvier 1749). On lui attribue enfin ce mot en prenant congé de la Hollande : « Adieu canaux, canards et canailles », désignant par ce dernier terme les libraires. Pourtant, après bien des accrochages avec Marc-Michel Rey, il fit encore paraître chez lui à Amsterdam, en 1777, un an avant sa mort, le Dialogue d’Evhémère.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1715
  • Lieu
    Amsterdam
  • Auteur(es)
    Jacques Jaugeon
  • Description technique
    Gravure à l’eau-forte et au burin, 17, 1 x 12, 2 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, Md 43 Libraire

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121200487g