Bacchanale à la cuve

Autour d’une cuve, sous une treille, des faunes, un satyre et des putti sont rassemblés et se divertissent. À gauche, s’appuyant sur une corne d’abondance et recevant une couronne, est figuré Bacchus. Cette scène s’inspire d’un sarcophage romain représentant le Jugement de Pâris conservé à la Villa Medicis.​ L’interprétation qu’en fait Mantegna est cependant très différente : seules quelques figures sont empruntées au relief et elles sont adaptées très librement à la composition.
Les sujets des Bacchanales ont été interprétés comme des allégories moralisatrices montrant les effets de l’intempérance. Mantegna aurait traduit les idées d’un humaniste sur les passions et aurait traité ce thème de manière satirique pour évoquer sa propre situation dans un conflit d’artistes. Il n’aurait donc pas forcément songé à illustrer un mythe classique.

Tout comme le Combat des dieux marins, cette estampe a été exécutée deux à deux pour former des ensembles. La Bacchanale à la cuve est la première partie d’une composition, qui se déroule de gauche à droite. Le personnage à l’extrême droite a les pieds dans une mare de vin qui coule de la cuve, mare qui se poursuit à gauche de la Bacchanale au Silène ; ce détail indique bien qu’il s’agit d’un ensemble – même si les deux parties ne joignent pas parfaitement – ou tout du moins de pendants. Les deux gravures sont d’un même style et d’une même technique ; elles ont les mêmes dimensions et ont dû être gravées de part et d’autre d’une même plaque, peut-être à quelques années de distance. La plaque fut emportée en France à une certaine époque car des épreuves comportent des filigranes français.
Gisèle Lambert