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Partition autographe de Charpentier pour la cérémonie finale du Malade imaginaire, 1673

Partition autographe de Charpentier pour la cérémonie finale du Malade imaginaire, 1673
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Dans cette entrée de ballet, chirurgiens et apothicaires dansent au son des instruments, des voix, des battements de mains et des mortiers. Le mortier est un vase dans lequel les apothicaires préparent leurs remèdes en pilant et réduisant en poudre. Charpentier compose deux parties de percussions pour les mortiers qui accompagnent l’orchestre, tandis que le chœur chante « Vivat, vivat, vivat, vivat, cent fois vivat / Novus Doctor, qui tam bene parlat, / Mille, mille annis, et manget et bibat, / Et seignet et tuat. ». Ce finale exalte la théâtralité et sanctionne la fusion entre le monde d’Argan et celui des intermèdes, la porosité entre le temps de la fiction et le temps réel du carnaval – sans retour au degré zéro de la comédie. Loin de guérir Argan de sa folie, elle aggrave la nature maniaque du faux malade en l’intronisant faux médecin. Le carnaval envahit la scène et entraîne Argan dans une danse inoffensive avec la mort (« tuat ») symbolisée par les « mortiers » des médecins donneurs de mort, qui est aussi et paradoxalement un hymne à la vie (« Vivat, vivat ») et au théâtre. La satire de la médecine rejoint ici celle de la religion mais se trouve transfigurée par la grâce du théâtre et la musique de Charpentier, dans une apothéose carnavalesque sublime et grotesque qui est aussi un hommage rendu à la comédie.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Entre 1672 et 1685 (1673 pour ce feuillet)
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Marc Antoine Charpentier (1643-1704), dans les Mélanges autographes, vol. 16, fol. 80
  • Description technique
    Partition (67 feuillets), 39,5 x 25,5 cm
  • Provenance

    BnF, département  de la Musique, RES VM1-259 (16)

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm083dnb325p3