La Déroute des Jansénistes

L’estampe montre le pape accompagné des figures allégoriques de la Religion et de la Puissance de l’Église brandissant une épée de feu. À gauche, le roi de France, fort de l’appui de la Concorde, de la Justice et de la Piété, chasse le jansénisme et son cortège de maux, parmi lesquels se trouvent l’Erreur, la Tromperie, l’Ignorance, qui tous trouvent refuge auprès des calvinistes.
L’œuvre de Bosse copie très précisément, mais en la réduisant, l’estampe qui illustrait l’almanach publié par Ganière pour 1654 (coll. Hennin, 3679). Inspirée par les jésuites, cette planche célébrait allégoriquement mais sans finesse la bulle Cum occasione donnée par le pape Innocent X en 1653 et qui condamnait formellement comme hérétiques cinq propositions tirées de l’Augustinus de Jansenius. À cette image, que le Parlement condamna dans son premier état où Jansenius était représenté avec les ailes d’un diable, Port-Royal décida de répondre et Le Maistre de Sacy publia, dès le 15 janvier 1654, ses fameuses Enluminures... Afin de permettre à ses lecteurs de suivre la réfutation de l’image remplie d’allégories et d’allégations, il en commanda à Bosse une réplique qui, pliée, trouva place dans son ouvrage. Une seconde édition sortit dès le 18 février suivant. C’est dire l’âpreté de la dispute et le rôle des images dans cette querelle qui se poursuivit jusqu’en 1657, avec la publication par Albert Flamen d’une autre image qui assimilait Jansenius à une hydre (coll. Hennin, 3719).

Toute la scène est encadrée d’une bordure et, dans la partie supérieure, le titre est inscrit à l’intérieur d’un cartel : LA DEROVTE / ET CONFVSION DES / IANSSENISTES ; dans la partie inférieure se trouvent trois autres cartels. Le premier à gauche contient des paroles attribuées au pape : LE PAPE / Puis que du S. t Esprit l’Église Illuminée / D’vne fausse doctrine accuse les autheurs / Par la puissance enfin q(ue) Dieu no(us) a donnée / Nous condamno(ns) leurs Secte et to(us) lers Sectate(urs). Dans le deuxième se lisent des paroles attribuées au Roi : Le ROY / Poussé par la Concorde emuz d’un Diuin Zele / Qui maintient nos sujets dans l’esprit d’vnion / Prestons po(ur) abollir vne Erreur Criminelle / Le bras de la justice a la Religion. Le troisième contient la réponse des jansénistes : LES IANSSENISTES / H’a que deuiendrons no(us) malheux Ianssenistes / Il faut a nos Erreurs renoncer a la fin, / Ou no(us) joindre au party des doct(eurs) Caluinistes / Car le n(ost)re aussi bien, tien beaucoup de Caluin.